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  le blog labrousse.erick par : ERICK

Droit et Devoir de Mémoire deuxième guerre mondiale 1940 1945 LUTTER CONTRE LA RÉHABILITATION DE VICHY OU DE SON ADMINISTRATION DE L ÉTAT FRANÇAIS

Valls le FRANCO de la Politique Contre les ROMS...


camps-de-roms-copie-1.jpgcamps-tzigane.jpg_CampDeMontreuil-Bellay.jpg
 
Violation des droits de l'Homme aggravée ce sont les deux termes du Conseil de l'Europe a l'encontre de la FRANCE pour le traitement infligée aux Roms par la FRANCE;dont les expulsions collective de l’été 2010 sous l'Heure Allemande la Déportation(Heure d’été) . « Dans un climat de discrimination ethnique et de contrainte » touchant « expressément des groupes vulnérables »Quant aux «  retour volontaires » mis en avant par le gouvernement français ils ont en réalité « déguisé des retours forcés sous forme d’expulsions collectives »
 
Quinze jours avant cette cruelle sentence ARNO KLARSFELD le nouveau président de l'Office Français de l'immigration et de de l’intégration(OFII) et aide de camps de l’État Français s'en était donne à cœur joie sur la question des ROMS « Ils vivent avec huit enfants dans une pièce. Lorsqu’on a qu'une pièce on ne fait pas huit enfants ! »Et s'il a reconnu dans « La voix du Nord » que les roms « sont de longues dates les Misérables avec un grand M,chassés ,pourchassés » ce fut pour mieux les stigmatiser « Ils sont aussi victimes d'eux même,responsable de ne pas avoir susciter une véritable élite,,,, »
 
Interrogé par le «  Le canard » sur ses étrangers déclarations le fils et l'aide de camp de Sarko rappelle qu'en 1991 à ROSTOCK (Allemagne) il avait ses parents fait le coup de poing contre les neonazis qui avaient brulé des foyers Roms et contre l'Allemagne qui voulait renvoyer ces « Misserables » en ex Yougoslavie,alors en guerre comme quoi le fait d’être proche du Nain Hongrois et de la Révolution Nationale on change ,,,,,
 
Quelle a été la politique de Vichy à l’égard des tsiganes ?
 
Pour la zone libre, le décret du 6 avril 1940 assigne donc à résidence les porteurs du carnet anthropométrique. L’assignation est considérée comme plus économique que l’internement dans un camp.
 
Cependant, à l’automne 1940, les tziganes originaires d’Alsace-Lorraine sont internés dans des camps de concentration, à Argelès-sur-Mer et au Barcarès (Pyrénées-Orientales), camps créés à l’origine pour accueillir les réfugiés espagnols, les juifs et les " étrangers ressortissants de pays ennemis ". Le premier est dissous à la fin de 1941, le deuxième en juillet 1942, leurs occupants catalogués nomades ont alors été transférés à Rivesaltes (ouvert en 1938, fermé à son tour en novembre 1942).
 
La création de ces camps est l’application de la logique d’exclusion du régime de Vichy ; cette exclusion -sans pression allemande- concernent les étrangers, les juifs, les communistes, les francs-maçons que l’on retrouve dans la propagande vichyste, alors que les tsiganes, visés par les mêmes décrets d’exclusion, ne sont pas cités dans les textes de propagande.
 
Les recherches des historiens permettent d’indiquer que près de trois mille tsiganes ont été internés dans l’ensemble de la France entre 1940 et 1946 ; plus de trois-cents ont été raflés dans Nord-Pas-de-Calais et déportés à Auschwitz.
 
Aucun camp pour nomades néanmoins n’est créé en zone sud avant 1942. Le 25 mars 1942, se tient une conférence interministérielle qui réunit les représentants du ministère de l’Intérieur et du Commissariat à la lutte contre le chômage, elle décide la création du camp de Saliers où doivent être regroupés les nomades.Dès la déclaration de guerre, en septembre 1939, les Tsiganes sont la cible des traditionnelles mesures d'état de siège - visant les populations «peu sûres» - prises par le gouvernement. Un décret-loi du 6 avril 1940 interdit la circulation des «nomades» (tels qu'ils ont été définis par une loi de juillet 1912) sur la totalité du territoire métropolitain. Ils doivent se déclarer dans les quinze jours à la brigade de gendarmerie la plus proche et sont astreints à résider dans une localité désignée par le préfet dans chaque département. Ces mesures reposent sur l'équation nomade = espion, comme le souligne alors un rapport au président de la République: «En période de guerre, la circulation des nomades, individus errants, généralement sans domicile, ni patrie, ni profession effective, constitue, pour la défense nationale et la sauvegarde du secret, un danger qui doit être écarté. Les incessants déplacements des nomades leur permettent de surprendre des mouvements de troupes, des stationnements d'unités, des emplacements de dispositifs de défense, renseignements importants qu'ils sont susceptibles de communiquer à des agents ennemis.»Trois semaines plus tard, le ministre de l'Intérieur envoie une circulaire aux préfets pour qu'ils choisissent les communes d'assignation à résidence en dehors des agglomérations importantes. Recommandant aux préfets d'opter pour des zones où les nomades puissent trouver du travail, il ajoute: «Ce ne serait certainement pas le moindre bénéfice du décret qui vient de paraître s'il permettait de stabiliser des bandes d'errants qui constituent, au point de vue social, un danger certain et de donner à quelques-uns d'entre eux sinon le goût, du moins les habitudes du travail régulier.» La réaction à ces mesures peut être résumée par le réalisme cynique qu'exprime dans un de ses rapports le commandant de la gendarmerie de Mayenne: «Il n'est pas douteux que la décision consistant dans la suppression de toute circulation de ces indésirables sur le territoire sera très bien accueillie par toute la partie saine de la population, sauf, cependant, par celle dont la localité aura été désignée comme lieu de séjour.» Il s'agit, là encore, de l'oeuvre de la IIIe République, quelques semaines avant l'invasion allemande et la défaite.Les Républicains Espagnols seront verses dans les camps suite aux notes de Pétains sur ces hommes et la victoire de FRANCO
 
L'occupant manifeste immédiatement sa volonté d'éloigner des côtes de l'Atlantique les éléments jugés douteux, à savoir les nomades, les juifs et les ressortissants de nations ennemies (Belges, Polonais, Grecs, Néerlandais). Dès l'été 1940, le camp d'internement de Beau-Désert, à Mérignac (Gironde), est utilisé à cet effet et, à l'automne, les nomades sont refoulés des côtes vers l'intérieur du pays, notamment en Indre-et-Loire, au camp de La Morellerie. Le 4 octobre, un pas de plus est franchi: le commandement militaire allemand pour la France décide que «le franchissement de la ligne de démarcation vers la zone occupée est interdit» aux Tsiganes et que ceux qui se trouvent dans cette zone «doivent être transférés dans des camps d'internement surveillés par des policiers français». L'internement est donc une volonté allemande; sa mise en oeuvre sera une tâche administrative française.
En zone sud, sous le contrôle direct de Vichy jusqu'en novembre 1942, la politique à l'égard des Tsiganes se résume essentiellement à l'application du décret-loi d'avril 1940 voté par la IIIe République finissante. Les termes «nomades» ou «Tsiganes» n'apparaissent cependant jamais dans les textes de propagande vichyste qui stigmatisent l' «anti-France», responsable, selon elle, de la défaite (étrangers, juifs, communistes, francs-maçons). Mais cette politique de regroupement et d'assignation à résidence suscite l'hostilité et les récriminations des populations, les attitudes de rejet étant exarcerbées par la crise, croissante, du ravitaillement. Aucun camp ne sera donc ouvert pour des nomades en zone sud, à une exception près. Au printemps 1942, dans une optique d'intégration paternaliste, le régime décide d'ouvrir un centre où ils pourraient exercer leurs activités traditionnelles dans un cadre familier, à Saliers, en haute Camargue, et dans des bâtiments imitant le style local (ils serviront, après guerre, de décors au «Salaire de la peur», de Clouzot). Sa direction, qui relève du Service social des étrangers (organe officiel de l'Etat français, mais infiltré par des résistants), sera confiée à un quaker expulsé d'Allemagne en 1933, qui menait parallèlement actions légales et clandestines, et sera même interné en avril 1944.Les conclusions des auteurs du rapport sur les motivations de la politique de Vichy en zone sud sont nuancées: les Tsiganes ne constituent pas une cible prioritaire de la politique d'exclusion et l'internement, qui frappe de façon massive d'autres populations, ne leur est pas appliqué (l'exception du camp de Saliers relevant d'une politique de sédentarisation qui dépasse les enjeux et la période de la guerre). En zone nord, internés à la demande des Allemands, leur sort n'en est pas moins dramatique, mais, du côté français, «les marques d'exclusion relèvent moins des procédures étatiques centrales que des réactions et des initiatives ou des réflexes locaux et régionaux de la population ou de responsables administratifs».Le traitement des archives des camps et de l'Inspection générale des camps permet aux auteurs du rapport une première estimation fine du nombre de Tsiganes internés sous l'Occupation: «Nous estimons à environ 3 000 le nombre de Tsiganes internés une ou plusieurs fois en France, toutes zones et toutes périodes confondues, entre 1940 et 1946.» Soit dix fois moins que le chiffre, généralement évoqué, de 30 000 internés. 27 camps servirent à l'internement de Tsiganes, 22 leur étant réservés. Leur taille varie, abritant quelques dizaines de personnes, tel celui de Rennes, ou plus de 1 000, comme le plus important, celui de Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire), près d'Angers. Outre l'inégalité de répartition entre la zone sud et la zone nord, où se trouve la quasi-totalité des camps, ceux-ci sont essentiellement concentrés dans l'ouest et le centre-ouest de la France, où furent refoulés beaucoup de nomades, après la débâcle. Sous la responsabilité des préfets, les camps sont dirigés et surveillés principalement par la gendarmerie. Mais peu d'officiers, même à la retraite, sont volontaires pour ces fonctions, et la préfecture en est parfois réduite, comme à Jargeau (Loiret), à nommer des douaniers.
A l'aide des archives préfectorales et des rapports d'inspection sanitaire, Denis Peschanski, Marie-Christine Hubert et Emmanuel Philippon ont pu reconstituer les conditions de vie des internés dans des lieux qui n'étaient pas, la plupart du temps, destinés à cet usage, qu'il s'agisse d'un château, comme au camp de La Morellerie, près de Chinon, d'anciennes salines royales, comme à Arc-et-Senans (Doubs), d'un ancien camp de réfugiés espagnols, comme aux Alliers, dans la Charente, d'une ancienne forge, comme à Moisdon-la-Rivière, en Loire-Atlantique, d'un circuit automobile, comme à Linas-Montlhéry, dans l'actuelle Essonne, d'une ancienne verrerie, comme à Coudrecieux, dans la Sarthe, ou d'un ancien camp de soldats anglais, comme à Mulsanne, dans la Sarthe. Les autorités elles-mêmes relèvent l'inadaptation de ces sites. L'Inspection générale des camps souligne ainsi que la plupart des baraquements du camp des Alliers «sont dans un état de délabrement extrême et ne peuvent constituer, même pour des nomades, qu'un abri absolument insuffisant». Le froid est tel, en janvier-février 1941, dans les hangars ouverts à tous les vents du camp de Moisdon que les Tsiganes seront transférés dans un camp voisin, après une succession impressionnante de décès. A Linas-Montlhéry, camp improvisé en quelques heures en novembre 1940, c'est l'administration militaire allemande elle-même qui demande aux Français d'assurer de meilleures conditions d'internement. Même à Saliers, dans le seul camp de la zone sud, construit dans le style camarguais pour des Tsiganes, sans clôture, avec église et infirmerie, la situation dégénère vite quand il faut loger deux fois plus de personnes que prévu, pour l'essentiel des Tsiganes expulsés d'Alsace par les Allemands et «accueillis» provisoirement par Vichy dans les camps de Rivesaltes et du Barcarès. Pourtant, ces situations émeuvent rarement les populations locales. Au contraire, beaucoup protestent contre les moyens qui sont accordés aux nomades - le préfet du Loiret s'en faisant l'écho, en août 1941, à propos du camp de Jargeau: «Il ne serait pas logique que des aménagements superflus dans un camp de 600 nomades, en arrêtant la réalisation d'autres projets, tels que la construction ou la réparation d'églises, de mairies, d'écoles (...), privent la population laborieuse de nombreuses communes du département d'un bien-être auquel elle est en droit, par son travail, de prétendre légitimement.»
En période de guerre et de pénurie, cet abandon et cette marginalité ont des effets redoublés sur la vie quotidienne des internés: sous-alimentation, hygiène catastrophique, morbidité et mortalité élevées. Et, à la différence d'autres catégories d'internés, les Tsiganes ne disposent pas des aides de la famille (intégralement internée) ni des oeuvres d'entraide, pratiquement absentes pour eux. En mars 1942, l'inspecteur général de la santé note, dans son rapport sur le camp de Moisdon, que la ration alimentaire distribuée au mois de janvier ne dépassait pas 1 400 calories, «c'est-à-dire 300 calories de moins que le minimum indispensable, au-dessous duquel des troubles graves peuvent se produire». Les moyens de chauffage et combustibles manquent cruellement, notamment au cours des deux premiers hivers - très durs - de l'Occupation. Constatant que les poêles attendus ne sont pas arrivés à Montreuil-Bellay, le directeur régional des services économiques propose, en novembre 1942, au préfet d'offrir... deux ballons de foot aux enfants du camp, pour qu'ils se réchauffent. L'idée sera retenue. Au camp des Alliers, un rapport signale, en décembre 1941, que les internés couchent sur de simples grabats parce qu'ils ont brûlé leurs châlits. Un an plus tard, un autre rapport signale que la literie a dû être renouvelée à trois reprises, et qu'à trois reprises elle a été brûlée. A Montreuil-Bellay, ce sont les sabots fournis par la préfecture qui servent de combustible.
Dans ces conditions, les maladies ne cessent de faire des ravages, d'autant plus que les enfants représentent près de 40% des internés. Pendant l'hiver 1940-1941, la situation est dramatique au camp de Moisdon, et le capitaine de gendarmerie alerte le sous-préfet: «J'ai l'honneur de vous rendre compte que les funérailles des trois enfants décédés au camp dans les conditions que je vous ai exposées téléphoniquement ont eu lieu dans la journée du 4 courant (...). L'émotion causée par ces trépas rapprochés se calme lentement (...). Toutefois, la question reste entière; si des améliorations sensibles ne sont pas apportées, de nouveaux décès sont inévitables.» Au camp de Montreuil-Bellay, 57 internés meurent de septembre 1942 à février 1943. La plupart sont des clochards de Loire-Atlantique dont la préfecture s'est débarrassée en les internant avec les nomades. Sans famille, privés d'alcool, ils subissent l'internement dans les pires conditions, alors que le camp est surpeuplé. L'étude précise de Jacques Sigot sur Montreuil-Bellay a permis d'établir qu'entre novembre 1941 et janvier 1945 une centaine d'internés (dont deux tiers de clochards) sont morts, sur les 1 500 personnes passées dans le camp. Les évasions sont rares, car les Tsiganes sont internés par familles entières, et ceux qui tentent leur chance sont souvent repris, comme le soulignent les auteurs du rapport: «Le regard de la population, regard qui se détourne ou regard qui dénonce, constitue le meilleur instrument de contrôle social, bien plus efficace que des barbelés pour limiter les possibilités d'évasion.»
La situation d'abandon des Tsiganes est totale, car même les oeuvres de bienfaisance qui interviennent dans les camps de la zone nord, comme le Secours national ou la Croix-Rouge, se désintéressent de leur sort. Les rares aides notables et dévouées viennent de quelques assistantes sociales, de prêtres et de religieuses, à titre individuel ou, plus rarement, collectif. Il faut nommer, par exemple, l'abbé Jollec, qui s'est démené pour les internés de Montreuil-Bellay (avant de se voir interdire l'entrée du camp par le préfet), et le père jésuite Fleury, qui s'est dévoué pour ceux du camp de Poitiers et qui fondera, après guerre, l'Aumônerie générale des Gitans. Plus de 200 enfants de Saliers seront cependant pris en charge par l'Assistance publique de Marseille. A ce bilan catastrophique de leurs conditions d'internement sous l'Occupation, l'enquête du CNRS organisme cree sous Vichy ajoute cependant une révélation importante: les Tsiganes de France échappèrent largement aux déportations vers les camps d'extermination allemands.C Cette En Allemagne, parmi les premiers exclus des lois de 1935 sur la «protection du san allemand», les Tsiganes sont bientôt visés par le décret sur la «lutte contre le fléau tsigane», puis par l'assignation à résidence systématique, avant les premières déportations à l'Est, en mai et juin 1940. Un décret de Himmler de décembre 1942 ordonne ensuite la déportation des Tsiganes allemands à Auschwitz, avant que d'autres décrets élargissent la mesure à l'ensemble des territoires occupés par le Reich. Le premier convoi arrive à Auschwitz-Birkenau le 26 février 1943. Dans les dix-sept mois que dure la vie du camp, ils sont près de 12 000 à y mourir, dont 2 897 dans la nuit du 1er au 2 août 1944, quand le camp est liquidé. Des milliers d'autres sont gazés, également en Pologne, à Chelmno, et plus encore sont assassinés lors des massacres effectués par les Einsatzgruppen et la Wehrmacht. Aucun bilan précis n'a pu cependant être établi de l'extermination des Tsiganes en Europe.En revanche, l'enquête du CNRS fait le point sur les victimes tsiganes de France. Un seul convoi de 351 Tsiganes, raflés qui en Belgique, qui à Arras, Roubaix et Hénin-Liétard, à l'initiative du commandement militaire allemand de Bruxelles (auquel sont rattachés les départements français du Nord et du Pas-de-Calais), partira de Malines (Belgique) pour Auschwitz, le 15 janvier 1944. Seuls 12 d'entre eux survécurent. Mais en France, dans les zones nord et sud (et même en Alsace annexée), il n'y a pas eu volonté des autorités, françaises ou allemandes, de déporter vers les camps d'extermination des nomades internés dans des camps français. Vichy se manifestera dans un autre registre, essayant de gruger les Allemands en envoyant des délinquants et des nomades au titre du contingent du travail obligatoire réclamé par le Reich. «Ce qui diminuera d'autant le nombre de jeunes travailleurs honnêtes que nous devons fournir», comme l'expliqua un inspecteur général des camps. Ce fut notamment le cas de 70 Tsiganes du camp de Poitiers.Les historiens du CNRS concluent donc que «la politique que suivent les Allemands en France vis-à-vis des Tsiganes ne répond pas à une volonté exterminatrice: elle obéit bien davantage à des impératifs militaires, étayés par des stéréotypes racistes. Sauf la différence dans la solution adoptée, à savoir l'internement plutôt que l'assignement à résidence, elle ne se différencie guère, en cela, de la politique française» (...). «La mise à l'écart suffit, et l'attitude des autorités montre que ce danger est loin de lui apparaître comme le plus menaçant.»Dernière révélation de l'enquête: l'internement des Tsiganes ne prend pas fin avec la Libération. Même si les conditions de vie s'améliorent légèrement et que les libérations se multiplient, il reste, en France, 923 internés en avril 1945 et, en mai 1946, un an après l'arrêt des hostilités, les nomades seront les derniers internés à quitter les camps. Pourquoi? Une fois de plus, simplement par mépris et méfiance envers ces populations encore reléguées dans la marge alors que l'épuration bat son plein.Voir notamment «L'Holocauste oublié. Le massacre desTsiganes», par Christian Bernadac, France-Empire, 1979. «Les Tsiganes en France, 1939-1946. Contrôle et exclusion», par Denis Peschanski, avec Marie-Christine Hubert et Emmanuel Philippon. Institut d'histoire du temps présent, mai 1994. Parmi quelques études locales, il faut signaler le remarquable travail précurseur de Jacques Sigot sur l'un des principaux camps, celui de Montreuil-Bellay: «Ces barbelés oubliés par l'histoire, un camp pour les Tsiganes... et les autres, Montreuil-Bellay, 1940-1945»,
 


 
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Tsiganes français ont vécu une période noire de leur histoire, où l'âme d'une communauté s'est fracturée. Si le génocide perpétré par les nazis envers les Tsiganes habitant sur le territoire du Grand Reich et à l'extérieur, dans d'autres pays d'Europe, est un fait historique davantage connu de l'opinion publique française, il n'en va pas de même en ce qui concerne le sort réservé aux Tsiganes de France sous l'Occupation et Vichy.
 


 


 


 


 


 


 


 


 


 


 


 


 


 
 
 
Assignation à résidence
 
 
 
Dès le mois de septembre 1939, les Tsiganes sont interdits de séjour en Indre-et-Loire et ne peuvent plus circuler librement dans l'Ouest de la France. Le 6 avril 1940, un décret du Président Paul Lebrun interdit la circulation des « nomades » (Tsiganes) sur la totalité du territoire métropolitain. Les « nomades » tels qu'ils ont été définis administrativement par la loi coercitive de 1912 doivent se déclarer à la brigade de gendarmerie la plus proche, et ils seront astreints à résider pour la durée de la guerre en une localité prévue dans chaque département par le préfet compétent :
 
 
 


 


 


 


 


 


 
« Monsieur le Président,
 
En période de guerre, la circulation des nomades, individus errants, généralement sans domicile, ni patrie, ni profession effective, constitue pour la défense nationale et la sauvegarde du secret, un danger qui doit être écarté.
 
Les incessants déplacements des nomades - qu'il ne faut pas confondre avec les forains, industriels ou commerçants, pour la plupart honorablement connus - leur permettent de surprendre des mouvements de troupes, des stationnements d'unités, des emplacements de dispositifs de défense, renseignements importants qu'ils sont susceptibles de communiquer à des agents ennemis.
 
Il convenait d'interdire la circulation des nomades et de les astreindre à une résidence forcée sous la surveillance de la police et de la gendarmerie. Tel est, Monsieur le Président, l'objet du décret que nous avons l'honneur de soumettre à votre haute approbation.
 
Le président du conseil
 
Ministre des affaires étrangères
 
Paul Reynaud
 
 
 
Art. 1er. La circulation des nomades est interdite sur la totalité du territoire métropolitain pour la durée de la guerre.
 
Art. 2. Les nomades, c'est-à-dire toutes personnes réputées telles dans les conditions prévues à l'article 3 de la loi du 16 juillet 1912, sont astreints à se présenter dans les quinze jours qui suivront la publication du présent décret à la brigade de gendarmerie ou au commissariat de police le plus voisin du lieu où ils se trouvent. Il leur sera enjoint de se rendre dans une localité où ils seront tenus à résider sous la surveillance de la police. Cette localité sera fixée pour chaque département par arrêté du préfet.
 
Art. 3. Les infractions à ces dispositions seront punies d'emprisonnement de un à cinq ans.
 
Art. 4. Les dispositions de la loi du 16 juillet 1912 et du décret du 7 juillet 1926 qui ne sont pas contraires aux dispositions du présent texte demeurent en vigueur.
 
Art. 5. Le président du Conseil, ministre des Affaires étrangères, le ministre de la Défense nationale et de la Guerre, le ministre de l'Intérieur, le garde des Sceaux, ministre de la Justice, sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent arrêté qui sera soumis à la ratification des Chambres, dans les conditions prévues par la loi du 11 juillet 1938 sur l'organisation de la nation en temps de guerre.
 
Fait à Paris, le 6 avril 1940
 
Albert Lebrun
 
Par le Président de la République.»
 
 
 
Toutes les mesures de contrôle prévues furent ensuite prescrites dans la circulaire du 29 avril 1940. À l'exception toutefois de la mesure concernant le regroupement des « nomades » en une seule localité par département, puisque les familles devaient être assignées là où elles vivaient. Et si l'assignation en des communes distinctes, mais à proximité des brigades de gendarmerie, permirent aux Tsiganes, du moins provisoirement, d'échapper à l'internement, ce n'est en aucun cas au nom de principes humanitaires mais à cause de considérations financières et sécuritaires : « J'estime [...] que la réunion des nomades en une sorte de camp de concentration présenterait, en général, ce double inconvénient très sérieux de favoriser le regroupement des bandes que mes services ont eu parfois le plus grand mal à dissocier, de soulever de délicats problèmes de logement, de ravitaillement, de garde, qui ne pourraient être résolus sans entraîner des dépenses importantes et nécessiter le renforcement des services de surveillance ».
 
En conséquence de quoi, la circulaire ne prévoyait pas même de crédit pour l'application du décret. Les familles n'avaient qu'à trouver les moyens de gagner leur vie. Le ministre de l'Intérieur, reprenant à l'envi le stéréotype pluriséculaire du « nomade » paresseux et danger social, escomptait bien les avantages qu'on en pourrait attendre : « Ce ne serait certainement pas le moindre bénéfice du décret qui vient de paraître, s'il permettait de stabiliser des bandes d'errants qui constituent au point de vue social un danger certain et de donner à quelques-uns uns d'entre eux, sinon le goût, du moins les habitudes du travail régulier ».
 
Le décret fut assez vite appliqué par de nombreux préfets. Ainsi un mois suffit aux responsables de la 7e brigade mobile de police et de la gendarmerie de Bordeaux pour dresser la liste des « nomades » vivant en Gironde et astreints à y séjourner, une liste de 259 noms et prénoms, accompagnés des dates et lieux de naissance, ainsi que des rubriques liées à la loi de 1912 : numéros des « carnets collectifs, des carnets anthropométriques individuels, des plaques des voitures ». Les Tsiganes continuaient donc de subir une législation disciplinaire et vexatoire. Plus sévère encore. La loi de 1912, avec ses aspects discriminatoires, visant à contrôler la mobilité des Tsiganes et à les différencier du reste de la population, stigmatisait et réprimait sans conteste la communauté tsigane. Mais la loi ne les excluait pas totalement de la société puisqu'ils pouvaient circuler. Ce qu'interdit désormais le décret de 1940. Les premiers arrêtés nominaux des « nomades » assignés à résidence survinrent vers la fin de mai 1940. Ils obligeaient les Tsiganes à ne pouvoir se déplacer que dans la circonscription de la brigade de gendarmerie dont dépendait leur commune d'assignation, les astreignant par ailleurs à soumettre toutes les semaines ou tous les quinze jours au visa de la gendarmerie leur carnet collectif et anthropométrique.
 
 
 
L'internement des Tsiganes par familles entières
 
 
 
Après la défaite, les Allemands ordonnent le 4 octobre 1940 que les « nomades » de la zone occupée soient internés dans les camps. Les « nomades » vivant en zone libre sont pour leur part assignés à résidence ou internés dans plusieurs camps, dont celui de Saliers (Bouches-du-Rhône), le seul camp d'internement réservé aux « nomades » - avec le camp de Lannemezan (Hautes-Pyrénées) - qui fut créé par le gouvernement de Vichy en 1942. Ce sont les autorités françaises qui administrent les camps où séjournèrent un peu plus de six mille Tsiganes, internés par familles entières. Les enfants représentaient 30% à 40 % de la population internée.
 
Le constat est partout identique. La vie quotidienne dans les camps révèle des conditions de logement et d'hygiène déplorables. À cause des matériaux utilisés pour la construction des baraques, les familles souffrent du froid et de la chaleur. À Mulsanne (Sarthe), les baraques recouvertes de tôle ondulée offrent une protection aussi glaciale l'hiver qu'étouffante l'été. Les camps, comme à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), sont souvent construits en plaine à la merci des éléments naturels. Tous les rapports rédigés par les chefs de camp mettent l'accent sur l'indigence des « nomades » : à Montsûrs (Mayenne), des adultes manquent de chemises et portent un veston directement sur la peau. Les enfants vont pieds nus dans la boue, les femmes découpent des vêtements dans les couvertures pour se protéger du froid. Le linge de corps n'existe pas, les « nomades » n'ont même pas de vêtements de rechange et ils n'ont pas d'argent pour s'en acheter.
 
Les locaux deviennent vite inhabitables. L'insalubrité du camp se traduit alors par la présence de poux, de sarcoptes et vermines de toutes sortes, de rats. Les conditions d'hygiène étant mauvaises (pas de douches), on recense de nombreux cas d'affections de la peau dues à la malpropreté : impétigo, plaies sceptiques, furonculose, abcès. Au tableau des misères quotidiennes que subissent les familles s'ajoutent de graves insuffisances de l'alimentation. Les internés ont été très durement touchés par les pénuries, qui se sont aggravées au cours de l'année 1941. À Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes (Yonne) et dans d'autres camps, ceux que l'on autorise à sortir tentent d'échanger des objets de valeur contre de la nourriture. Ainsi ce Manouche, interné à Moisdon-la-Rivière (Loire-Inférieure), venu voir un fermier pour troquer son médaillon en or sur lequel figurait la photographie de sa femme : le paysan, après avoir retiré la photo, puis l'avoir jeté par terre et piétinée, s'était contenté de lui donner en échange deux oeufs. Mais les denrées alimentaires manquaient cruellement, en particulier aux enfants. Gaston Foucher, interné pendant un mois en septembre 1943 à Jargeau (Loiret) comme réfractaire au Service du Travail Obligatoire, se souvient que les Tsiganes ont souffert de la faim : « Quand on parlait avec les nomades, ils nous disaient qu'ils étaient malheureux, qu'ils n'avaient pas assez à manger ». Les Tsiganes ne souffrent pas seulement de la faim, ils meurent dans les camps. La malnutrition et les maladies constituent deux des causes principales de la mortalité. Par ailleurs, le manque de soins aggrave les maladies et intervient comme un facteur supplémentaire dans la mortalité enregistrée. Les personnes décédées sont des vieillards, des enfants mais aussi des adultes isolés. Une estimation portant sur les années 1940 à 1944 indique qu'une centaine de « nomades » sont morts dans les camps d'internement.
 
L'internement apparaît d'autant plus pénible pour les Tsiganes qu'ils ne reçoivent aucune aide extérieure, contrairement aux autres catégories d'internés. Leur famille est elle-même internée ou alors trop pauvre et les œuvres caritatives ne s'intéressent pas à eux ; seuls la Croix-Rouge, le Secours National et quelques œuvres religieuses agissent ponctuellement. L'inspecteur général des camps est très sévère, à l'issue de son inspection aux Alliers (Charente), en décembre 1941 : « Les œuvres de bienfaisance locales se sont totalement désintéressées du camp des Alliers. La Croix-Rouge seule a délégué une de ses infirmières mais cette grande association pourrait, ce semble, activer son intervention généreuse ».
 
Le sort des Tsiganes, qui pâtissent des critiques malveillantes formulées par les directeurs de camp (« En résumé, gens peu intéressants, nuisibles parce que très ignorants, amoraux et foncièrement vicieux »), n'émeut guère davantage la population locale. Des communes en Côte-d'Or exercent même des pressions pour que les « nomades » soient internés, ce qui ferait de ce département le seul de zone occupée où l'internement relèverait des autorités françaises. Telle serait en effet l'origine du centre de rassemblement de Moloy, si l'on en croit le rapport mensuel du préfet en date du 21 juillet 1941 : « Comme les maires et les habitants des localités où séjournent certaines tribus nomades ont déposé des plaintes pour des vols et des rapines commis par ces derniers, il devient nécessaire de créer un camp d'internement en Côte-d'Or ».
 
Hypothèse d'autant plus vraisemblable que cette attitude d'hostilité de la population s'exprime ailleurs, conduisant par exemple les habitants de la Morinière (Loire-Inférieure) à signer une pétition en faveur de l'internement des « nomades » de la commune : « Dans un but désintéressé, plaçant notre amour de la France au-dessus de toute autre considération, nous faisons appel, Monsieur le Préfet, à votre esprit de justice et d'ordre social, et vous demandons respectueusement : de prononcer l'internement des membres adultes des familles Z. et H. ; de confier à des Centres de Rééducation les enfants de ces mêmes familles ». La requête fut jugée recevable et aboutit à l'internement des familles au camp de Jargeau. De semblables démarches se produisirent en zone sud, comme l'atteste entre autres une lettre d'habitants et du maire de Bassan adressée au préfet de l'Hérault le 4 mai 1944 (!), qui réclame l'internement d'une famille de vanniers ambulants assignée sur la commune, pétition à la suite de laquelle le préfet donna son accord et ordonna sans hésitation par arrêté préfectoral que la famille B, composée du père, de la mère et de quatre enfants, soit conduite au camp de Gurs (Basses-Pyrénées).
 
À lire les rapports officiels, l'absence d'aide apportée aux Tsiganes prévaut également quand il est question des évasions. Les Tsiganes ne supportent pas leur internement, ils n'en comprennent pas les raisons. Ne plus voyager leur est insupportable. C'est pourquoi ils s'évadent en masse, en famille. Tous les moyens sont bons : on fait le mur, on ne revient pas de permission ou d'hôpital, on profite d'une sortie. Une majeure partie d'entre eux est toutefois reprise après quelques jours, souvent grâce à la complicité active de la population qui les dénonce auprès des gendarmes : à Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire), où les évasions furent nombreuses en 1944, les « nomades » en fuite voient « se dresser contre eux les fermiers des environs qui les ont reconduits au camp à coups de fourches » (Archives nationales). Même scénario à Arc-et-Senans (Doubs), à ceci près que les « nomades » évadés en avril 1942 qui avaient pu se réfugier en Suisse sont refoulés vers la gendarmerie par la police helvétique : « Ces nomades ont regagné le camp, escortés par les gendarmes de Beaume-les-dames. Interrogés, les fugitifs ont déclaré avoir quitté le camp par escalade le 11 avril à l'aube ; ils se sont ensuite dirigés à pied sur Morteau, ont pénétré en Suisse pour tenter de gagner la région de Locle ; ils ont été refoulés par la police helvétique pour être finalement arrêtés sur notre territoire par la gendarmerie » (archives municipales de Beaume-les-dames).
 
L'indifférence persista après l'installation du gouvernement provisoire de la République. On pouvait escompter que la libération du territoire national aurait signifié pour tous les Tsiganes internés la sortie des camps. Il n'en a rien été. En décembre 1944, cinq camps sont toujours en activité. Les derniers « nomades » seront libérés du camp de Saint-Maurice le 18 décembre 1945, de Jargeau le 31 décembre et des Alliers le 1er juin 1946. Les familles qu'on libère manquent de tout, vêtements, nourriture, argent, et personne ne s'en préoccupe : « Quand on est sorti des camps, on n'avait pas de secours, on n'avait rien, comme il y a du secours partout maintenant. On aurait dû nous donner quelque chose pour faire la route, nous guider, nous dire " Allez là, il y a une maison qui vous attend, on va s'occuper de vous ". Rien, à la porte ! comme un chien ! comme des chiens ! » (Jean-Louis Bauer, interné à l'âge de dix ans avec sa famille en Gironde à Mérignac, puis aux camps de Poitiers, Montreuil-Bellay et Jargeau). Les « nomades » rentrent à pied chez eux et se débrouillent par leurs propres moyens. Mais d'autres épreuves attendent les Tsiganes à leur arrivée. Car bien souvent, profitant que les maisons ou les roulottes qu'ils habitaient étaient restées inoccupées, des habitants se sont empressés de voler toutes choses utiles qui s'y trouvaient. Au mois de novembre 1942, Toto Hoffmann est libéré du camp de Poitiers. Munis d'un laissez-passer, les Hoffmann regagnent la commune de Gujan-Mestras (Gironde). Non contente d'avoir perdu leur belle roulotte au camp de Mérignac, la famille découvre au retour que des vols ont été commis dans la maison, les spoliant de leurs meubles et des vêtements qui leur étaient nécessaires : « Quand on est venus à la maison, il n'y avait plus rien. On nous avait tout volé... on n'avait plus rien... ils avaient tout pris, tout ce qu'on avait, les vêtements qu'on avait... quand on est venus, je vous dis, on était nus ».
 
Malgré tant de privations et de souffrances endurées, les Tsiganes libérés sont aussitôt assignés à résidence, avec interdiction de quitter la commune où ils doivent demeurer. Cette obligation touche tous ceux qui ont été internés en France mais aussi les survivants revenus des camps de concentration. C'est ainsi qu'Alphonse Reinhardh, d'abord assigné à résidence sur la commune de Saint-Aignan par la brigade de Villegouge, interné ensuite à Mérignac et Poitiers, avant d'être déporté au camp de Sachsenhausen, sera à son retour d'Allemagne en août 1945 assigné à résidence et placé sous la surveillance de la même brigade de gendarmerie jusqu'à la loi du 10 mai 1946 portant fixation de la date légale de cessation des hostilités. Rien d'étonnant alors si, reprenant à son compte des propos honteux tenus par le maire d'une commune contre une famille gitane durement meurtrie (dont plusieurs des membres, résistants d'un maquis, avaient été arrêtés, l'un des enfants fusillé par les Allemands, le père mort en déportation), un sous-préfet suggéra ni plus ni moins en septembre 1945 aux autorités préfectorales que pour cette famille et tous les « nomades » indésirables du département, « les terrains sablonneux des Landes seraient tout indiqués ». Outre les 70 Tsiganes de Poitiers conduits le 13 janvier 1943 à Sachsenhausen, rappelons que 25 hommes du même camp partirent le 26 juin 1943 en direction de Buchenwald. L'année suivante, sept « nomades », évadés de Saliers, puis repris et internés à Fort Barraux (Isère), aboutirent vers la fin de juin 1944 au camp de concentration de Buchenwald et à Dora. On sait par ailleurs que 351 Tsiganes français et belges seront déportés à Auschwitz le 15 janvier 1944 dans le convoi Z quittant Malines, en Belgique. Seuls quinze ont survécu.
 
 
 
Une commémoration nationale
 
 
 
Soixante-dix ans après, le drame des Tsiganes français demeure largement occulté. Le souvenir des lieux d'internement ne s'est pas fixé parce que les camps ont disparu, ou sont redevenus ce qu'ils étaient avant sans qu'on y puisse lire cet épisode douloureux. À la disparition matérielle des camps est venu s'ajouter le fait que la société a refusé de se préoccuper du vécu des victimes auxquelles personne ne s'identifiait : les Tsiganes, considérés comme « mauvaises victimes », ont été ainsi exclus de la mémoire.
 
Pendant longtemps, les communes où avaient été internés les « nomades » ont refoulé purement et simplement la réalité des camps. Le refoulement a fonctionné de façon si massive qu'il s'est accompagné  parfois d'une dénégation. Des municipalités refusent d'admettre de nos jours qu'un camp pour les « nomades » ait existé sur l'emplacement de leur commune. Si certaines personnes bienveillantes ont cherché à savoir ce qui s'était passé, se sont indignées, ont voulu préserver de l'oubli la souffrance infligée, ce qui domine en général au sein de la population ou des pouvoirs locaux est une attitude d'indifférence et de rejet. D'où l'ignorance entretenue par la société à propos des persécutions commises au cours de cette période tragique contre la communauté tsigane.
 
Du côté des historiens, le désintérêt s'est imposé avec autant de réussite. Le discours historique en France a ignoré l'internement des Tsiganes. En dehors des études tardives et peu nombreuses, les publications concernant Vichy destinées aux spécialistes ou à un public scolaire taisent son existence. Quasi aucun des manuels d'histoire les plus diffusés dans les classes de première et de terminale ne consacre une ligne à cette question. 
 
Le drame des Tsiganes n'a pas non plus laissé beaucoup de trace sur les monuments ou les plaques. Le défaut de mémoire s'y affirme clairement. La majorité des communes préfère l'oubli, maintenant dans l'ombre un aspect peu glorieux de l'histoire locale. Quatorze stèles sur les trente camps se souviennent des Tsiganes. Encore faut-il préciser que les plaques, dont les textes s'avèrent en partie critiquables, ont été apposées à des dates bien postérieures à la fermeture des camps, entre 1985 et 2009 (neuf stèles n'existent que depuis 2004).
 
Même occultation enfin du côté de l'État. Les gouvernements de la République qui se sont succédé depuis la Libération n'ont pas cru bon d'expliquer quel traitement avait été appliqué aux Tsiganes de France pendant la Seconde Guerre mondiale. Il n'y a pas de Mémorial national leur rendant hommage. L'État pratique à de rares exceptions près une politique du silence.
 
La société a donc choisi l'amnésie plutôt que la (re) connaissance de ce qu'avaient vécu les Tsiganes sous l'Occupation et Vichy. Les Tsiganes sont restés marginaux dans la mémoire collective française.
 


 

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C
Vive les tsiganes!<br /> <br /> Bahtalo!
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