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  le blog labrousse.erick par : ERICK

Droit et Devoir de Mémoire deuxième guerre mondiale 1940 1945 LUTTER CONTRE LA RÉHABILITATION DE VICHY OU DE SON ADMINISTRATION DE L ÉTAT FRANÇAIS

Gare Saint-Jean de Bordeaux : une plaque fait ressurgir une vieille querelle
Une plaque rend hommage aux jeunes gens partis pendant la guerre travailler en Allemagne. Cela ne plaît pas à tout le monde.
 

Depuis une trentaine d’années, Éric Labrousse milite sans relâche pour l’abandon des horaires d’été, revenus en grâce en 1973, plus de trente ans après avoir été imposés par le régime de Vichy sur ordre des nazis. Au  detour  détour de cette croisade contre l’heure allemande, ce Chef de cuisine, en poste   ...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

dans un collège de la banlieue agenaise, allume de temps à autre quelques mèches qui ravivent certains épisodes de l’Occupation. La dernière en date concerne une plaque commémorative apposée en 1947 à l’intérieur de la gare Saint-Jean à Bordeaux. Il demande aujourd’hui à la SNCF de la décrocher.

600 000 hommes requis

 

 

Ce rectangle de marbre rappelle que plusieurs milliers de jeunes Français des départements du Sud-Ouest sont partis de ces quais, « déportés pour le travail forcé en Allemagne », certains d’entre eux ayant payé cet exil de leur vie. Dans des dizaines d’autres gares de l’Hexagone, des inscriptions similaires ont aussi fleuri après la Libération.

Plus de 600 000 hommes ont franchi le Rhin entre 1942 et 1944 pour faire tourner les usines du Reich. Des absents à qui l’on reprochera souvent vertement leur attitude lors de leur retour en 1945. « Toutes ces personnes requises dans le cadre du Service du travail obligatoire (STO) ont participé à l’effort de guerre allemand. Elles n’ont pas le droit au titre de “déportés”. La justice a tranché », insiste Éric Labrousse.

Rendu en 1992 après d’incessantes controverses, un arrêt de la Cour de cassation a effectivement donné raison aux associations représentant ceux qui étaient revenus des camps de la mort. Le mot « déporté » étant dans l’opinion intimement associé à l’univers concentrationnaire, la plus haute juridiction a estimé préférable, pour éviter toute confusion, d’interdire aux requis du STO de l’utiliser.

La Fédération nationale des déportés du travail a dû modifier son intitulé et a cédé la place à la Fédération des victimes et rescapés des camps nazis du travail forcé.

Le prix de la défaite

« Il est lamentable que des individus salissent la mémoire de ceux qui, à 20 ans, ont payé la défaite de la France, s’indigne son président, Jean Chaize. Sur les 600 000 personnes soumises au STO, près de 40 000 ont perdu la vie en Allemagne, certaines pendues, décapitées ou fusillées pour action contre les intérêts des nazis. Si des organisations liées au RPR (NDLR : l’ancêtre de l’UMP) ont obtenu que le terme “déporté” soit exclusivement réservé aux camps de concentration, il n’a jamais été question de faire disparaître sur les monuments les noms et qualités de ces jeunes. »

Éric Labrousse ravive un conflit qui a pourtant perdu de son intensité au fil des ans du fait de la disparition progressive des protagonistes. « Pour échapper au STO, il suffisait de descendre du train. En ne le faisant pas, ils collaboraient. Vichy versait d’ailleurs des indemnités à leurs familles », lâche-t-il. Roland Boisseau, le correspondant girondin de la Fondation de la mémoire pour la déportation, reste beaucoup plus mesuré. « Effectivement, certains sont partis volontairement. D’autres n’ont pas eu le choix, d’autres ont été dupés. Ils ont quand même beaucoup souffert. Le temps a passé, vaut mieux laisser ces vieilles querelles derrière nous. »

Difficile de juger

La question a souvent suscité la gêne. À la notable exception de Cavanna, les requis célèbres du STO comme Georges Brassens, Raymond Devos ou Antoine Blondin restaient plutôt discrets de leur vivant sur cette période où leurs bras contribuaient à l’effort de guerre des nazis.

Aujourd’hui, faire la part des choses, démêler le vrai du faux dans les récits des uns et des autres tient souvent de la gageure. Dans les années 70, lorsque Georges Marchais a été propulsé à la tête du PCF, d’anciens responsables communistes l’ont accusé d’avoir rejoint de son plein gré en 1942 une usine d’armement du Reich.

Les preuves n’ont jamais pu être apportées. « Ce n’est pas parce qu’on était réfractaire au STO qu’on était résistant. Et ce n’est pas non plus parce qu’on partait en Allemagne qu’on collaborait, précise l’historien Philippe Souleau. (1) Dans les trains, les gens n’étaient pas libres de leurs faits et gestes. Ils étaient confrontés à un choix : refuser le STO, c’était devenir illégal et clandestin. Tous ne disposaient pas des réseaux leur permettant de se cacher. Soixante-dix ans après, gardons-nous de tout jugement de valeur. » Philippe Souleau a codirigé le livre « Vichy en Aquitaine », paru en 2011 aux Éditions de l’Atelier.

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