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  le blog labrousse.erick par : ERICK

Droit et Devoir de Mémoire deuxième guerre mondiale 1940 1945 LUTTER CONTRE LA RÉHABILITATION DE VICHY OU DE SON ADMINISTRATION DE L ÉTAT FRANÇAIS

Les transports de la honte sous l Heure d'ete de la collaboration de 1940 pour la zone occupée

Les transports de la honte sous l Heure d'ete de la collaboration de 1940 pour la zone occupée
Les transports de la honte sous l Heure d'ete de la collaboration de 1940 pour la zone occupée
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Les transports de la honte sous l Heure d'ete de la collaboration de 1940 pour la zone occupée
Les transports de la honte sous l Heure d'ete de la collaboration de 1940 pour la zone occupée
Les transports de la honte sous l Heure d'ete de la collaboration de 1940 pour la zone occupée



 

 

Lors de sa création, la STCRP exploite cent-douze lignes de tramway, numérotées de 1 à 128, formant un réseau de 960 kilomètres

Elle reste marquée par la culture de la CGO, dont elle conserve le directeur, André Mariage. La STCRP n'est pas un organisme public, comme le sera la RATP, mais une société privée du groupe Empain titulaire d'une concession sous la forme d'affermage en régie intéressée du département de la Seine (qui encaisse les bénéfices et couvre les déficits). Jean Empain avait eu “une attitude nettement germanophile se manifestant, en particulier, par des réceptions continuelles d'officiers dans sa propriété de Bouffement  Ce modèle de la collaboration d'affaires et mondaine fut comme bien d'autres sauvés du tribunal par d'énormes et puissantes complicités intérieures, avant de l'être par un fatal cancer de la gorge   La France enquêteuse marcha sur des œufs, sachant “les milieux officiels belges (...) extrêmement réticents sur le cas du baron Empain, vraisemblablement en raison des intérêts qu'il représente” – de l'ordre de 4,5 milliards –, “mais en outre il semble qu'une grande partie des capitaux contrôlés par ce groupe appartienne personnellement au roi Léopold III”. Muller, membre éminent “du milieu Empain”, échappa pour sa part à l'interrogatoire, en déclarant que : “si l'on l'interroge officiellement le gouvernement belge sera saisi de l'affaire et qu'il y aura une intervention de sa part auprès de MM. Spaak ou Gut”. Caricature minoritaire de la Collaboration que ce “noceur” qui aurait “seulement fait la noce avec les Allemands comme il l'a fait (sic) avec d'autres”, plaisante “thèse du milieu Empain”, en l'espèce de Muller, “interrogé par personne interposée” (le baron et sa femme avaient, notamment à l'occasion d'un voyage au Congo, acquis une réputation de mœurs particulièrement dissolues) ? Son frère Louis était le second héritier du tentaculaire empire légué par leur père, le premier baron Empain, étendu des banques, notamment la Banque Générale de Belgique, au pétrole et à la chimie en passant par les sociétés électriques, les charbonnages, la métallurgie, les tramways de Belgique et de Buenos Aires, le métro parisien (alors privé), les intérêts divers en Belgique, au Congo, en France, en Espagne et au Canada, etc. “Très bien considéré” et menant une vie moins tapageuse ou dissolue que Jean, Louis Empain ne se borna cependant pas aux contacts économiques de routine avec l'occupant. Cet administrateur pourvu de sièges multiples (Électricité du Pays de Liège, Arena, Tabarudi, Société Congolaise, Banque Immobilière ardennaise, Compagnie belge d'entreprises minières à Rindue, Compagnie auxiliaire d'Entreprise générale de la Société de Saint-Ode, Compagnie Belge du Levant, Ateliers des constructions électriques de Charleroi, liste non exhaustive, comparée à l'énorme “groupe Empain”) franchit les limites de la politique conservatoire : la dernière société citée fit en particulier “l'objet de violentes attaques de la part de la presse belge pour avoir, pendant l'Occupation, réorganisé ses méthodes (Bedeau), augmenté sa production et conclu des accords avec la société allemande Siemens”Si les autorités canadiennes confient la responsabilité du séquestre à M. A.-H. Mathieu, haut fonctionnaire au secrétariat d’État à Ottawa, ils n’hésitent pas à nommer comme responsable adjoint de la saisie avec le titre de contrôleur, le directeur-général de la Belgo-Canadienne de Crédit, M. Pierre Roche qui, en tant que citoyen suisse, n’est pas touché par la loi. Cette mesure ne sera pas suffisante pour apaiser le dépit ou la colère de Louis Empain. C’est par une lettre datée du 24 juillet 1945, qu’il informe M. Pierre Roche et ses collaborateurs de la décision irrévocable qu’il vient de prendre de liquider toutes ses sociétés canadiennes. Le directeur-général de la Belgo-Canadienne de Crédit a-t-il tenté de faire revenir le baron sur sa décision ? Un informateur nous a dit qu’il aurait pu charger le sénateur Léon-Mercier Gouin d’une mission en ce sens, lui qui a fait deux voyages en Belgique, en septembre 1944 et fin janvier 1945, au cours desquels il a rencontré Louis Empain. Au retour de son second voyage, Léon-Mercier Gouin montera aux barricades pour se porter à la défense de son ami : " En certains milieux communistes, dira-t-il, on a attaqué mon ami Louis Empain, comme du reste tous les industriels et les financiers de la Belgique, sous prétexte que c’étaient des collaborateurs. L’histoire véritable est bien différente de ces calomnies. " Quoiqu’il en soit, M. Roche qui souffre d’un asthme inquiétant et tenace - il s’éteindra d’ailleurs à Montréal, le 12 juillet 1948 - ne trouve peut-être plus ni la force ni la motivation pour entreprendre cette ultime opération. Dès la fin de 1945 ou au début de 1946, Louis Empain fera donc appel aux services de son vieil ami et ancien régisseur-général en Belgique. Il nomme Roger van Casteel, président et directeur-général de la Belgo-Canadienne de Crédit, en remplacement de Pierre Roche, avec pour mission de liquider au meilleur prix les diverses sociétés canadiennes appartenant au groupe Louis Empain.La mise sous séquestre de ses biens jointe aux allégations mensongères que l’on fait courir dès le début de la guerre, sur le baron et sur ses présumées activités de collaborateur du régime nazi vont précipiter sa décision de liquider tous ses avoirs au Canada. Mais, à ces deux facteurs, il faut en ajouter un troisième, le plus important, nous dira sa femme, Geneviève Hone : l’homme a changé. Ses priorités et ses intérêts aussi. Désormais, Louis Empain que, dans certains milieux, l’on se plaît à nommer avec dérision, le petit Léon Bloy de Belgique, va tenir fermement entre ses mains sa propre destinée, n’aspirant plus qu’à un seul idéal : la sainteté. Il refuse donc de marcher dans les traces du Général-baron Édouard, son père qui, pourtant, s’était un jour demandé si ce fils cadet ne valait pas mieux que l’aîné pour lui succéder à la tête du Groupe. Il renonce à devenir un grand financier, un célèbre capitaliste, un éminent entrepreneur. Il se veut philanthrope, pédagogue et moraliste. Dorénavant, son champ d’action se limitera à son pays, la Belgique, et ses investissements, à ses œuvres caritatives. Violemment contesté par tous ceux qui redoutaient la nationalisation d'Ugine, ce document étudiait l'“activité pendant l'Occupation” : plus précisément, les huit produits ou types de produits livrés, tous clairement destinés à “aider l'économie de guerre ennemie” (sodium, chlore, produits fluorés, acétone, acide nitrique, hydrogène, électrodes, métaux légers, aluminium et magnésium), la “Relève” et les négociations, décrites plus loin, sur l'affaire commune IG Farben-Ugine-Buna menées sans désemparer de juillet 1941 à octobre 1943. L'imprimé de Wiesbaden confirme, entre autres, les conclusions que cette Commission d'Enquête régionale tira de son analyse “par produit” des livraisons au Reich en guerre : la seule documentation fournie par le secrétariat général de la société ne révélait, bien au contraire, “aucune contrainte et aucun freinage” de la production (à propos des contrats sur l'acétone avec la société allemande Degussa, évoquée ci-dessous) ; et l'on pouvait généraliser à l'ensemble des livraisons les remarques faites à propos des contrats A et B signés par la Société générale du Magnésium : le premier, signé le 7 septembre 1940, avait précédé la lettre officielle de Vichy, datée du 9 ; le second, conclu le 3 avril 1941 par Dumas et Jaoul, le fut “sous réserve de l'accord des deux gouvernements allemand et français, que les parties contractantes demanderont immédiatement. La SGM n'a donc pas ici exécuté les "ordres" de l'autorité de fait de Vichy, mais conclu un accord qu'elle demande ensuite à celle-ci d'approuver L’homme tout-puissant de cette société, précurseur de la RAPT, se nommait Lucien Nachin (1885-1951), directeur des ressources humaines et donc à la tête des environ 25.000 employés, de 1940 jusqu’à sa mise à la retraite le 1er juin 1946.

La mise au pas du personnel et l’application des « lois de Vichy »

La société ne peut résoudre seule cette question. Pour la préfecture de la Seine, une chose est certaine : « Il n’était pas possible que le département, lié aux agents du réseau de surface par le statut, continuât à supporter une charge de salaire aussi lourde qu’improductive. »19 Dès lors, les dégraissages sont massifs. Sur 22 792 agents, la loi du 1er décembre 1940 n’en maintient pas plus de la moitié en service. Elle fixe, pour un réseau de 1 000 voitures, l’effectif du personnel à 10 896 agents. Pour remédier à une situation exceptionnelle, il fallait des mesures non moins exceptionnelles. Dans un premier temps, il s’agit de mises à la retraite puis d’encouragements donnés aux démissions volontaires par l’octroi d’un pécule. Dans un second temps, les agents restés en surnombre après l’application de ces premières mesures sont, conformément à l’article 4 de la loi, mis en « congé spécial de disponibilité » (CSD) pour une durée de cinq ans à partir du 1er janvier 1941. Pendant quinze mois, ils auront le droit à une indemnité mensuelle égale à la moitié de leur rémunération. Le 30 décembre 1940, les listes nominatives des agents placés en CSD sont affichées dans les différents établissements de la société : on compte 11 024 noms Pour la direction de la STCRP, qui a toujours repris à son compte la propagande antisociale de la droite et dénoncé les avantages accordés au personnel du réseau par l’État et le département de la Seine, l’Occupation est l’occasion de reprendre en main la société. Les militants communistes constituent une cible privilégiée. La STCRP va appliquer avec un zèle certain la législation de Vichy. Dans un premier temps, la politique d’exclusion obéit à une logique préventive : les « meneurs » connus de longue date sont révoqués. La loi du 17 juillet 1940, complétée le 30 août, donne aux services concédés le droit de proposer au préfet la suspension de tout employé pour raisons professionnelles ou politiques. La direction affiche clairement sa volonté d’étouffer la contestation dans l’œuf. Elle demande l’épuration des fortes têtes et des meneurs Quant au service du personnel, il fait établir des rapports individuels. On peut lire par exemple : « Gabriel F., agent faisant preuve d’une très grande activité extraprofessionnelle dans le service. Réunit dans les terminus, chaque fois qu’il en a l’occasion, ses collègues pour diffuser les mots d’ordre de son organisation. Agent intelligent et dangereux. »  La STCRP a recherché tout particulièrement les anciens membres du Parti communiste. Mais l’étiquette communiste est extensive. Des agents sont « relevés de fonction » parce que sympathisants, parce qu’ils avaient participé aux grèves de 1938 ou de 1928, voire parce qu’ils auraient été signalés « [...] pour avoir manifesté dans l’enceinte de l’Atelier central » Mais toutes les propositions ne sont pas politiques. Les rapports font apparaître dans un peu moins d’un quart des cas, des insuffisances dans le travail, des négligences répétées ou l’insubordination : « Madame H. receveuse. L’examen du dossier montre qu’en plus de signalements pour places non perçues en connaissance de cause, l’intéressé assure également un service peu régulier. »

Le grief fondamental est l’attitude grossière envers les voyageurs. La lecture d’une plainte est caractéristique :« - “elle en a marre d’avoir affaire toute la journée à des imbéciles ; - qu’elle se foutait de la Compagnie et des voyageurs et ne tenait du reste pas du tout à travailler ; - va pleurer chez ta mère, face d’âne” ». [...] Elle peut être considérée comme le type caractérisé de l’agent indésirable pour un service public. » Dans un second temps, la politique d’exclusion prend un tour nettement répressif : une coopération avec la police s’instaure afin de lutter contre les résistants. Pour les dirigeants du réseau de surface, un acte de résistance est avant tout un acte de désobéissance et de trouble pour le service. Face aux mesures de licenciement et à la répression, les agents communistes se sont en effet mis à l’ouvrage. L’action clandestine s’organise et se développe dans les dépôts. Elle prend de multiples formes : lutte revendicative quotidienne pour des tickets de pain supplémentaires, des bleus de travail ou l’octroi de primes et même sabotages. Mais l’aspect principal de l’activité des militants est la rédaction et, plus dangereux encore, la distribution de tracts. La STCRP ne peut tolérer ces tracts clandestins qui entretiennent le mécontentement des machinistes et des ouvriers dont les conditions de travail se sont fortement aggravées. A de nombreuses reprises, la société dénonce cette propagande active et s’interroge sur les mesures à prendre. Une note de la direction du Personnel est ainsi rédigée : « Il semble que si l’on voulait enrayer entièrement ce mouvement, il faudrait prononcer contre les délinquants des peines très sévères. » Dans un avis au personnel, la STCRP par Lucien Nachin  annonce clairement, aux agents « [qui] voudraient apporter dans le service des éléments de trouble ou y introduire un état d’esprit contraire à l’œuvre de rénovation nationale poursuivie par le gouvernement [...] » sa volonté d’user avec rigueur des pouvoirs que lui donne la loi. Aussi, lorsqu’elle saisit des tracts, la STCRP applique effectivement les instructions préfectorales et gouvernementales en envoyant les tracts découverts à la préfecture de Police Elle accélère même les modalités de leur transmission pour permettre une intervention plus rapide de la police comme le précise une note de la direction du personnel « Lorsque la découverte présentera un caractère de gravité certain que le chef d’établissement aura personnellement à établir, celui-ci devra aviser téléphoniquement, sans délais, en même temps que ses chefs hiérarchiques, soit le commissariat de Police local, soit même dans un cas particulièrement grave, M. L., commissaire de Police, direction des Renseignements généraux, préfecture de Police, automatique 467

Aussitôt Paris libéré, l’heure du règlement de compte a sonné. En octobre 1944, en première page de Métro-Bus, on peut lire : « Toute une politique anti-sociale inaugurée dès 39-40 par les décrets Daladier-Reynaud, suivie et aggravée encore par Vichy, Pétain-Laval, ont atteint très durement les catégories des travailleurs du métro et de l’ex-TCRP dans leurs conditions d’existence et dans leur dignité d’agents de la fonction publique. « Parallèlement à toutes ces mesures de régression sociale, bas salaires, journée de travail plus longue, perte des avantages statutaires [...], s’ajoutait toute une série de mesures administratives innovées par un patronat avide de prébende, animé aussi par un esprit de revanche caractérisé [...]. « Le personnel [...] a su apprécier à leur juste valeur les mérites de MM. Chatelet, Le Pape, Volkerick pour la surface ; [...] et combien d’autres restant à mettre sur la sellette ; aujourd’hui chassés des postes qu’ils occupaient, vomis par tout le personnel et les gradés. Ils se sont rendus responsables de faits très graves, dénonciateurs de patriotes, et connus pour leur esprit collaborateur, comme des chefs indignes et des anti-sociaux avérés.

Nachin ne connaissait point le Général de Gaulle personnellement, mais  la libération grâce a X crise de 1934 a sauvé le collaborateur Nachin des poursuites judiciaires   La Seconde Guerre mondiale a provoqué une désorganisation totale des transports parisiens. C’est une période clef pour les entreprises privées de transports - qui ont, ensuite, donné naissance à la RATP - la Société des transports en commun de la région parisienne (STCRP)et la Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris (CMP). Les deux réseaux connaissent différents sorts. Tandis que le réseau de surface est réduit à sa plus simple expression avec l’utilisation de bus à gaz et de trolleybus, le métro voit, lui, son trafic augmenter considérablement. Les bouleversements causés par la collaboration active  intéressent non seulement le trafic, mais aussi le personnel : licenciements, allongement des horaires de travail et application de la législation vichyste. On peut se demander si ce sont les événements qui dictent ces bouleversements ou, au contraire, si l’Occupation est l’occasion pour la direction de la STCRP d’affirmer son pouvoir et de reprendre en main la société. Les deux interprétations ne s’excluent pas. Aussi, plutôt que de choisir l’une d’entre elles, on tentera d’évaluer le poids respectif des événements et des décisions tributaires de la volonté des dirigeants du réseau de surface. La STCRP des coups très rudes, qui lui seront fatals. La mobilisation de 13 000 agents et la réquisition de plus de 2 000 voitures, dès le 2 septembre, ont entraîné la réduction de service à soixante-quinze lignes. À la fin de décembre 1939, quatre-vingt-onze des cent quatre-vingt-dix-neuf lignes normalement exploitées se trouvent encore fermées. Mais les ateliers et les dépôts ne chôment pas pour autant. Les autobus circulent toujours dans Paris et sa banlieue et, outre l’entretien du matériel roulant, les ateliers sont utilisés pour l’industrie de guerre. L’effort imposé au personnel est considérable. En mai 1939, la semaine de travail était encore de quarante heures. Le décret du 1er septembre 1939 qui fixe le régime de travail pendant la guerre impose soixante heures par semaine, avec un maximum de douze heures par jour pour les hommes et de dix heures pour les femmes. Les heures supplémentaires au-delà de quarante-cinq heures, soit le quart du temps de travail, sont rétribuées seulement à hauteur de soixante-quinze pour cent de l’heure normale. Enfin, la législation sur la conciliation et l’arbitrage est suspendue : on ne peut plus négocier ni les rémunérations, ni les horaires. A la STCRP, un régime spécial vient s’ajouter au précédent : le décret du 19 janvier 1940 stipule que la durée moyenne hebdomadaire du travail peut « si les circonstances l’exigent, atteindre soixante heures sans rémunération du temps supplémentaire » Mais pour mesurer l’effort des agents, on ne peut s’en tenir aux textes légaux sur la durée du travail. La mobilisation a vidé les dépôts. Pour répondre aux besoins de l’exploitation, la STCRP ne dispose plus que de 1 545 machinistes. Ils étaient 7 247 avant la déclaration de la guerre. En raison de l’insuffisance du personnel, les repos des agents sont décalés. Certains restent trois semaines sans y avoir droit. Au cours de l’hiver rigoureux, des machinistes et des receveurs doivent assurer des services comportant onze heures de travail, avec des amplitudes de dix-sept à dix-huit heures sous l'Heure d'été de l'occupation et de la collaboration en zone occupée.  André Mariage collaborateur notoire,  multiplie les démarches auprès des autorités françaises et allemandes afin d’obtenir l’autorisation de reprendre l’exploitation. Dans une lettre au préfet de la Seine, il écrit :« La situation actuelle de l’agglomération parisienne où les échanges sociaux et économiques sont quasi nuls ne peut se prolonger sans risques graves. Or, il n’y a pas de reprise possible de l’activité industrielle et commerciale s’il n’existe pas de communications normales entre les centres de production et de vente d’une part, et les centres de peuplement de banlieue d’autre part. À Paris même, dès que le mouvement des rentrées s’amplifiera, le métropolitain sera insuffisant, comme il l’était naguère, pour répondre aux besoins du trafic urbain La STCRP a concouru aux opérations militaires françaises en sollicitant sans réserve son personnel. A cela, il faut ajouter une contribution a la collaboration effrénée aux transports nazis , qu’il s’agisse de convois de troupes ou de matériels. Le réseau qui comprenait 648 voitures en service en 1941, n’en compte plus que 510 en juillet 1942. Seules quarante-quatre lignes sont ouvertes. Les réductions importantes de service sont d’abord affectées aux heures creuses puis aux « heures de charges ». Des lignes intra-muros sont supprimées, le service du dimanche est réduit à cinquante pour cent. En janvier 1943, avec l’apparition des premiers trolleybus, une nouvelle ligne est créée et l’exploitation dispose de 515 voitures. Mais au fur et à mesure que se prolonge l’Occupation, la situation devient de plus en plus difficile. Le matériel roulant ne peut plus être entretenu correctement, faute de matières premières : il n’y a plus d’huile pour graisser les voitures. 

 

La société doit répondre également aux demandes de main-d’œuvre qui émanent des Allemands au titre de la « relève ». D’octobre 1942 à mars 1943, la CMP s’est vu imposer trois prélèvements successifs : un premier de 700 « ouvriers spécialistes métaux », un deuxième de 450 manœuvres et un troisième de 944 travailleurs. C’est l’augmentation de la durée hebdomadaire du travail, portée de quarante-huit à cinquante-quatre heures, qui permet de compenser dans une très large mesure les départs pour l’Allemagne. Dans les dépôts, les effectifs fondent. À Charlebourg par exemple, le nombre de machinistes passe de cent vingt-deux à soixante-treize. Ce n’est qu’à partir du moment où les prélèvements allemands menacent l’exploitation du réseau que la compagnie s’oppose aux départs de ses agents34. Une fois cette crainte dissipée, elle présente aux autorités d’Occupation le nombre d’agents qui lui est réclamé et applique sans ménagement les mesures concernant les réfractaires. Sortant de son rôle d’exploitation du réseau de surface, la société met à la disposition des Allemands ses capacités d’entretien et de réparation. La STCRP possède rue Championnet un atelier important, dans lequel travaillaient 2 000 à 3 000 ouvriers avant l’armistice. On peut y fabriquer des pièces pour automobiles et réparer des véhicules endommagés. Il comprend notamment des départements de chaudronnerie, de fabrication mécanique, de démontage et de remontage, ainsi qu’une forge et des bancs d’essai pour la mise au point. Elle fait donc travailler son personnel sur des commandes allemandes dans ses ateliers de la rue Championnet Par ailleurs, la STCRP détache du personnel qualifié en province pour former des ateliers de réparation de camions militaires et d’engins blindés. Afin de recruter les ouvriers nécessaires, elle n’hésite pas à dégarnir ses propres services pour dégager du personnel. Ainsi, durant la période d’Occupation, le total des sommes facturées aux Allemands s’élève à 580 millions : l’affairisme des Mariage survit à l’absorption de la STCRP. Lucien Nachin, de dissimuler son passé, de reconstruire une identité fictive et de se faire passer pour un courageux patriote. Lucien Nachin ne s'est-il pas toujours présenté comme un ami du général de Gaulle, comme le prouvait la dédicace signée de la main du futur chef de la France libre pour son ouvrage Trois études ? La mémoire de Jean Marie Dubois reste vive à ce sujet. La légende du grand père était sans faille et son héroïsme supposé construisait pour le petit Jean Marie une mythologie familiale héroïque. Durant l'Occupation Lucien Nachin, ancien officier de l'armée française avait un poste important : il était chef de service à la direction du personnel à la Société des Transports en Commun de la Région Parisienne (STCRP), l'ancêtre de la RATP. Or les autobus de la STCRP vont constituer le moyen logistique déterminant ayant permis les rafles des Juifs, pour leur transport à Drancy, puis de Drancy aux gares de banlieue d'où ils étaient envoyés dans les camps d'extermination ou de concentration. Cette logistique était bien évidemment complétée par les trains et la SNCF a aussi reconnu, tardivement, sa part de responsabilité dans le processus de déportation des Juifs vers les camps de la mort. L'investigation dans les archives de la RATP (dont le nouveau sigle, date de 1949, destiné à effacer l'ancien, trop lié à la collaboration Ces autobus, figurent en bonne place dans toutes les représentations filmiques de la rafle du 16 juillet 1942 qui conduisent au Vel d'Hiv. Ils sont autant d'acteurs muets des Guichets du Louvre, de Monsieur Klein, de la Rafle. Ils sont omniprésents dans tous les témoignages de survivants. Or ces autobus avaient besoin de chauffeurs de confiance pour les conduire, pour les mener à l'adresse indiquée par la police, pour ensuite retrouver les divers points de rassemblement. Il fallait donc une grande organisation méticuleusement précise des personnels, une planification sans défaut, une coordination parfaitement mise au point avec la Préfecture de police, la SNCF et les services allemands. On sait qu'il y eut des ratées. On sait qu'il y eut des policiers qui vinrent prévenir les familles pour les inciter à quitter leurs domiciles à se cacher. Ces gestes, minoritaires, pour réels et admirables qu'ils furent, ne peuvent dissimuler la réalité de la complicité active, à tout niveau de sa hiérarchie, d'un grand service public au service de l'occupant.Ecarté de ses fonctions à la Libération, l'ex-chef du personnel de la STCRP était suffisamment connu de la Résistance, sut cependant grâce au réseau des complicités obligées et des couardises, éviter d'être désigné comme collaborateur. Comme bien d'autres, il sut reconstruire à son profit une légende honorable. Celui qui avait géré avec zèle la logistique parisienne de la déportation des Juifs vers les camps de la mort, avait simultanément dénoncé résistants, communistes et syndicalistes nuisibles à la bonne marche de l'entreprise. Certaines de ces complicités sont dévoilées, des noms apparaissent mais la justice ne les a jamais inquiétées et nombreux sont ceux qui ont fini leur vie avec la bonne conscience comme oreiller. La "continuité de l'Etat" voulue par de Gaulle, autant que la "clôture de ce temps où les Français de s'aimaient pas" voulue par Pompidou, ont refermé le couvercle. La paix civile ou sa fiction imposent leurs règles sans comprendre que des hasards permettent à des voix de sortir de l'oubli où certains avaient désiré les enterrer.

Le symbole de cette collaboration active est bien l'Heure d’été qui sera imposée à la zone libre par la SNCF  en mars 1942  qui aujourd'hui profite des mêmes rouages que pour cacher cette collaboration du fascisme français.

 

 

 

 

 

 

 

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