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  le blog labrousse.erick par : ERICK

Droit et Devoir de Mémoire deuxième guerre mondiale 1940 1945 LUTTER CONTRE LA RÉHABILITATION DE VICHY OU DE SON ADMINISTRATION DE L ÉTAT FRANÇAIS

Libération de Royan Avril 1945

Libération de Royan Avril 1945
Libération de Royan Avril 1945
Libération de Royan Avril 1945
Libération de Royan Avril 1945
Libération de Royan Avril 1945
Libération de Royan Avril 1945
Ce n'est qu'en janvier 1945 que les Alliés ont pris la relève des FFI pour venir à bout des dernières poches de résistance allemandes. Et, si La Rochelle a été relativement épargnée, la ville de Royan a été écrasée sous un tapis de bombes
En imposant des bataillons plus grands, ce modèle tend à diminuer leur nombre et vient gripper les systèmes de relève et de repos progressivement mis en place, à l’image du secteur de La Rochelle : « Seuls les régiments Bir Hacheim (6e RI) et Demorny (108e RI) ont les effectifs suffisants pour constituer trois bataillons de type normal
Groupe ANIC (capitaine Charles Maigre chauffeur Hillaire Gachignard Brigadiste,Pierre Plaze membre du BCRA) depuis août 1942 au 31 décembre 1943 : mouvement FTPF du secteur de Sigoulès. Opérationnel du 1er janvier 1943 au 28 août 1944. 326 hommes dont 25 Républicains Espagnols à la Libération ; 7 tués au combat, 4 fusillés et 2 déportés. En fait partie le sous-groupe de Pringorieux et de La Force fort d'une centaine de FTP commandé par Demorny, qui a participé à la libération de Bergerac.Mai 1944 puis Royan,Rochefort et La Rochelle sous l'heure d'ete
La nécessité de déguiser son identité créa dans le maquis, les noms de guerre. Chacun eut loisir de se baptiser et même se rebaptiser, car il était prudent de changer fréquemment de surnom. Comme on n'est jamais si bien servi que par soi-même, bien des chefs se donnèrent des noms célèbres.

Roux et Bergeret Libération de Bergerac et- le groupe Anic derrière

C'est ainsi que fleurirent les Carnot, les Bayard. Puissent-ils être généraux à vingt-cinq ans et mourir sans reproche !
Mais n'allez pas croire que notre brave Marcel Feyri s'appelait François 1er parce que, dans un accès de mégalomanie, il se croyait « le Roi Chevalier » ressuscité. Non, ils étaient plusieurs François, et comme il avait un rôle important, je lui dit : "Pour vous distinguer de tous ces François, vous serez François 1er."
Quant à savoir pourquoi Bousquet s'appela De Morny, c'est resté pour moi un mystère. Les noms de femme étaient très en honneur, mais il ne faut pas voir là une coquetterie chevaleresque. Quand un nom de femme était surpris par un espion dans une conversation, cela le mettait généralement sur une fausse piste. C'est ainsi que Cerisier se faisait appeler Léontine, et quand on connaît le massif et rude Cerisier, cela ne manque pas d'un certain piquant. Badaroux avait pour surnom Alberte, et le nom de guerre de Maigre était Annic. Cependant, si Canale se nommait Christine, ce n'est pas pour ces raisons. Il n'avait que des garcons et portait le nom de la petite fille que sa femme et lui espéraient bien avoir un jour.
Le choix du surnom était aussi parfois un indice de modestie. Le colonel Adeline se nommait simplement Marty, nom très répandu dans la région, et Santrailis avait dit : "appelez-moi Joseph ! c'est un nom ridicule ainsi je serai le seul à m'appeler comme cela."
Pour ma part, je m'appelai d'abord Liber, puis Lelarge, jeu de mot bien innocent puisque j'avais pris le large. Je choisis ensuite le nom de Bergeret qui m'identifiait à Bergerac, mon secteur. Des souvenirs littéraires et l'ombre d'Anatole France ajoutaient un charme à ce nom. Il est vrai qu'on m'a confondu également avec le général Bergeret, ce qui m'a fait moins plaisir. Dans l'ensemble, ce nom a pour moi des résonances émouvantes, et je ne suis pas du tout fâché quand on me le donne encore. A la fin de juin, je dus pourtant le quitter. Presque tout le monde savait que Bergeret était le chef de l'Armée Secrète, et il aurait suffi d'entendre ce nom pour savoir où était situé le P.C. Je m'appelai donc Vidal, décidé à redevenir Bergeret le plus rapidement possible.
D'ailleurs, si cette précaution avait été utile dans la clandestinité, à partir du 6 juin elle était beaucoup moins importante. Mais c'était un jouet comme un autre. On n'avait pas tant d'amusement dans le maquis.

Henri Adeline est né le 8 mai 1898 à Verdun de parents lorrains.
Après des études secondaires au collège de Verdun puis au lycée de Troyes, il est admis à l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr en 1916 (promotion des Drapeaux et de l'amitié franco-américaine). Il y reste un an et part pour le front comme aspirant du 278e régiment d’infanterie en août 1917.
Blessé par éclat d’obus en juillet 1918, Henri Adeline reçoit deux citations à l'Ordre de la Division.
En 1920 il est affecté au service de transmissions des Troupes du Maroc dans les confins algéromarocains avant de passer, sur sa demande, dans l’arme du Génie. Il sert jusqu’en 1922 dans plusieurs garnisons du Maroc comme officier chargé des transmissions et reçoit une nouvelle citation.

Après avoir suivi les cours de la Division technique de l’Ecole technique du Génie et de la section radio de l’Ecole supérieure d’Electricité, il se voit affecté au 18e Régiment du Génie à Nancy où il reste six ans. Admis à l’Ecole de guerre (1930-1932), il est ensuite affecté à l’Etat-major de la 20e Région militaire (Nancy) puis au 6e Régiment du Génie à Angers.

En septembre 1939, il rejoint l’Etat-major du 12e Corps d’armée en Alsace comme chef du 4e Bureau. Le 24 juin 1940, au moment de la reddition du groupe d’armée françaises encerclées en Alsace, le chef de bataillon Adeline refuse de se rendre aux forces allemandes ; à la tête d’un petit groupe d’officiers et de sous-officiers, il tente de rejoindre la zone libre et parcourt ainsi 250 kilomètres à pied en 35 jours.

Au sein de l’Armée d’armistice, Henri Adeline commande le 1er Bataillon du Génie à Bergerac au moment de l’occupation par les Allemands de la zone libre en novembre 1942 ; il prend dès lors contact avec des organisations de Résistance (Armée secrète et Organisation de Résistance de l’Armée).

En avril 1944, il assure le commandement des maquis de la région de Bergerac et devient adjoint militaire au chef de l’AS de Dordogne sud.

A la tête des 2 500 hommes des maquis AS et FTP de Dordogne Sud, il engage en août 1944 la poursuite des colonnes allemandes qui se replient sur Bordeaux. Il y entre le 28 août dans une ville déserté par les Allemands.

Début septembre il prend le commandement de tous les groupements FFI du Sud-ouest -soit plus de 12 000 hommes- et les lance vers la Charente-Maritime. Il réussit à enfermer l'ennemi dans les poches de La Rochelle, Royan et la Pointe de Grave.

Le 18 septembre 1944, dans son P.C. de Saintes, il reçoit le général de Gaulle qui le confirme dans son commandement opérationnel et lui prescrit de réduire les poches de Royan et de La Pointe de Grave de façon à débloquer le port de Bordeaux et de temporiser avec les Allemands pour éviter la destruction du port de La Rochelle.

Henri Adeline assure seul cette mission très difficile, devant un ennemi supérieur en nombre et en moyens avec des forces pauvrement armées, jusqu'au 22 octobre 1944. A cette date, il passe sous les ordres du général de Larminat commandant des Forces françaises en opération sur le front de l’Ouest (devenu ensuite Détachement d’Armée de l'Atlantique). Henri Adeline commande dès lors les fronts de La Rochelle et Royan jusqu'en avril 1945, continuant à faire preuve des mêmes qualités de combattant, de chef et d'organisateur.

Lors de l'attaque de Royan, du 14 au 18 avril, il commande le groupement sud de la Division « Gironde » comprenant 10 000 hommes. Il atteint ses objectifs avant les délais prévus, enlève des ouvrages puissamment fortifiés et couverts par d'importants champs de mines, libère trois gros villages, la partie Ouest de Royan et capture un important matériel.

Le 25 avril 1945, aux Mathes près de Royan, le général de Gaulle lui remet la Croix de la Libération.

Promu général de brigade le 8 mai 1945, Henri Adeline commande le Génie en Algérie puis le Génie de la 1ère Région militaire où il initie et coordonne la construction de près de 1 500 logements pour les cadres militaires en région parisienne.

Prenant sa retraite en 1955, du 1er septembre 1955 au 20 décembre 1967, avec le Colonel Chevallier, il a créé une Société dont la principale activité consista à diriger et à vendre les appartements réalisés principalement par la Société ADMAR, dirigée par Monsieur Marcus et dont le siège social se trouvait 6 Avenue Matignon à Paris.

Le Bureau d'Etudes et de Réalisations de Logements (B.E.R.L.) : C'était une Société de personnes en nom collectif Adeline et Chevalier dont les activités consistaient: à rechercher les terrains à construire, à créer des Sociétés de Construction, à surveiller la préparation des plans, des descriptifs et des marchés par les architectes, à surveiller l'exécution des travaux pour le compte des promoteurs,à vendre en exclusivité les appartements à la construction desquels nous participions,à gérer les ensembles immobiliers construits jusqu'à la fin des travaux. Les bureaux du B.E.R.L. furent installés à Paris successivement:- 14 Boulevard Poissonnière ,- 6 Avenue Matignon ,- 8 Rue de Berri ,- 36 Rue des Plantes.C'est ainsi que, pendant 13 ans et demi que dura le B.E.R.L., ils ont participé à la réalisation et à la vente, avec ADMAR, de 1500 logements entre autre de 1962 à 1965 de 3 pavillons et 64 appartements à la Résidence du Cap de Vallières à Saint-Georges (ici en 1967 et 2015) en association avec la Société du parc de Vallières qui avait son siège au Château de Mons.

Voici une maquette du Cap de Vallières qui n'a pas vu le jour

Henri Adeline est décédé le 1er mai 1971, dans un accident de voiture à Châlons-sur-Marne. Il a été inhumé à Sivry-sur-Meuse dans la Meuse.

• Commandeur de la Légion d'Honneur • Compagnon de la Libération - décret du 28 mai 1945 • Croix de Guerre 1914/18 (2 citations) • Croix de Guerre 1939/45 (2 citations) • Croix de Guerre des TOE (1 citation) • Croix du Combattant Volontaire de la Résistance

Publications :

• La Libération du Sud-ouest : Bordeaux-Royan-La Rochelle (août 1944-mai 1945), Alger 1948 • Considérations sur le Génie au Combat, Paris 1952

La Rochelle a une culture obsidionale. Qui ne se souvient, dans la vieille cité protestante, du siège de 1627-1628, organisé par Richelieu alors que les Anglais défendaient les Rochelais huguenots? En 1944-1945, les Français assiègent une ville occupée par les Allemands, soucieux de garder jusqu'au bout leur base de sous-marins de La Pallice, attaquée à la bombe depuis 1943. Ils ont créé un réduit blindé autour de La Rochelle. La ville occupée et son environnement doivent subir les contraintes d'un long siège, très éprouvant pour la population, jusqu'au 8 mai 1945.
Les habitants de La Rochelle sont sans illusions pendant la bataille de Normandie, en juin 1944. Ils devinent que la percée alliée ne s'embarrassera pas, c'est l'évidence, de la conquête difficile des fortins du mur de l'Atlantique bétonné par l'ingénieur Todt. Américains et Britanniques fonceront vers le nord et le nord-est. On pouvait espérer à Royan, située exactement au nord de l'estuaire de la Gironde, que les Allemands, ayant évacué Bordeaux, quitteraient aussi leur ville. Mais la pointe de Grave et Le Verdon sont en face de Royan, au sud de l'estuaire. Par là, les Américains ont débarqué en 1917. Il faut tenir, ordonne Hitler, et Le Verdon et Royan.
Ainsi ceux qui restent sur place des 18 000 habitants de Royan, chef-lieu de canton de la Charente-Maritime, paradis de soleil et de vignes, voient-ils sans illusions, dès le mois de juin 1944, se renforcer la garnison allemande et les équipes de travailleurs organisant les défenses d'une «poche» capable de soutenir le plus long des sièges de l'histoire de la Libération. L'OKW (le haut commandement allemand) a décrété que Royan était un secteur stratégique. Les Royannais doivent patienter indéfiniment, alors que Bordeaux, Paris et même Strasbourg sont libérées. Royan et La Rochelle sont les laissés-pour-compte de la Libération.
Les Allemands ne sont pas fâchés d'être retenus dans ces poches. Par qui seraient-ils eux-mêmes libérés de la guerre? Ils redoutent plus que tout les FFI, qui ont avec eux quelques comptes sanglants à régler, et préfèrent bien souvent, fanatiques mis à part, attendre l'écrasement du Reich à l'abri dans leurs casemates.
Quelque 18 000 soldats en Feldgrau sont aux ordres du commandant de La Rochelle, l'amiral Schirlitz. Bien armés, ils disposent de réserves énormes de munitions, d'un ensemble de fortifications hâtivement construites vers l'intérieur mais efficaces, d'une aviation résiduelle mais active et de quelques navires rescapés. L'amiral a parfaitement les moyens de réussir une sortie par mois pour se procurer dans les campagnes environnantes des vivres par réquisition et saisir les troupeaux bovins. Les FFI,FTP et A.S sont trop maigrement armés pour s'y opposer.
A Royan, centre de la poche du sud de la Seudre, le colonel allemand Pohlman dirige une garnison de 4 000 soldats de la Wehrmacht, parmi lesquels des artilleurs et des marins capables d'établir des liaisons maritimes avec la poche du nord, celle de La Rochelle, aux ordres de Schirlitz, responsable de la Kriegsmarine pour tout le golfe de Gascogne, et qui est en contact avec l'OKW. Les deux poches girondines (Royan et Le Verdon) sont placées sous le commandement de l'amiral Michahelles, chargé du seul secteur maritime de la Gironde.
Contre ces soldats rompus aux combats, les volontaires français sans expérience d'une vraie guerre sont pourtant nombreux à accourir des maquis du Poitou et de la Charente, mais aussi du Berry et même de Meurthe-et-Moselle. Les partisans républicains espagnols sont de tous les coups durs, aux ordres du général de Larminat, nommé par de Gaulle à la tête de cette «armée de l'intérieur» mal chaussée et mal vêtue, qui groupe jusqu'à 200 000 combattants armés à la diable, souvent peu instruits et ne disposant que de quantités chiches de munitions.
Dans cette période intermédiaire de juin à décembre 1944, désespérante pour les assiégés qui manquent de tout, les FFI bloqués le long des lignes allemandes reçoivent des nouvelles encourageantes pour les Royannais et les Rochelais. Le commandant du 2e bureau, Meyer, parti de Bordeaux à bicyclette, a reçu du chef de la marine bordelaise la consigne de tout faire pour éviter que Rochefort ne fût détruite au départ des Allemands. Ayant pris contact avec l'Oberleutnant Schriter, il a obtenu de ce dernier une entrevue avec l'amiral Schirlitz et négocié l'abandon de Rochefort. Dès le 11 septembre 1944, les troupes allemandes font un départ modeste du port militaire français, non sans avoir incendié l'arsenal, pour s'installer près de La Rochelle.
Le 18 du même mois, dans la ville de Saintes libérée, le commandant Meyer rendait compte à de Gaulle. Bien aise de la libération de Rochefort, le Général le félicita, non sans lui recommander de faire preuve de plus de fermeté à l'avenir. Il voulait libérer les poches non pas une à une mais dans leur ensemble, par un assaut en règle.
Une tentative de pousser en direction du Verdon a échoué. La colonne de Carnot (Milleret), forte de 3 000 hommes, s'est déployée autour de la pointe de Grave. L'avancée de ces FFI est problématique: d'où viendraient les renforts en cas de contre-attaque allemande? Ils se contentent donc de prendre position, sans tenter l'assaut. Sans doute apprécieraient-ils le concours de la flotte alliée, mais les navires ne veulent pas se risquer dans une Gironde truffée de mines.
Les 12 000 FFI,FTP et A.S. du colonel Adeline, organisateur du maquis de Dordogne, appréhendent, malgré la force de l'élan libérateur, d'avoir à livrer bataille contre plus de 18 000 soldats allemands armés jusqu'aux dents et campés sur des positions fortes. Ils se contentent de surveiller La Rochelle et Royan, ne disposant pas d'armes lourdes pour tenter de prendre d'assaut les défenses du mur de l'Atlantique.
Royan, ville martyre
de la Libération
Les ordres du général de Gaulle tombent à la fin de l'année 1944. Il est question de libérer la Gironde pour rétablir le trafic portuaire de Bordeaux, donc d'attaquer en priorité Royan et Le Verdon. Il charge de cette mission le général de Larminat, investi du «commandement de l'armée de l'Atlantique», avec ordre de préparer l'assaut pour le 10 janvier 1945. Les Américains, intéressés par la reconquête du Verdon, ont promis le secours de leur aviation, des barges de débarquement et des camions amphibies. Les premiers éléments d'une partie de la division Leclerc, appelée en renfort, sont mis en mouvement, avec une forte artillerie. Le premier régiment de fusiliers marins est à pied d'?uvre dès le 18 décembre.
Larminat n'ignore pas que le commandant Meyer, dans une entrevue avec l'amiral Schirlitz, a signé un accord humanitaire le 20 octobre 1944, aux termes duquel est déterminée une zone de combats autorisés, ce qui limite l'action des FFI et des bombardements aériens. Quand les Leclerc, à peine débarqués, doivent repartir pour l'Alsace et faire face à l'offensive de Hitler sur Strasbourg, Larminat réexpédie Meyer chez Schirlitz, avec l'accord de son ministre de la Défense. Il est seulement question d'obtenir la grâce de plusieurs résistants condamnés à mort en échange d'un général allemand prisonnier. L'amiral Schirlitz accepte les clauses humanitaires qui concernent La Rochelle et propose un statu quo militaire, que Meyer ne peut avaliser. Larminat a donc les mains libres pour dénoncer cet accord à sa convenance.
Un fait nouveau intervient: dans la nuit du 4 au 5 janvier 1945, la ville de Royan est l'objet d'une attaque aérienne très violente de 354 quadrimoteurs Lancaster de la RAF pilotés par des Australiens. Les bombardiers ne peuvent se tromper. Des Mosquito les ont précédés, lançant des fusées éclairantes vertes et rouges pour baliser le terrain. La ville est littéralement écrasée en deux vagues distantes de trente minutes, qui tuent un millier de civils sur les 3 000 restant en ville et fait de très nombreux blessés et disparus. 1 700 tonnes de bombes sont déversées sur le centre de la cité. Quelques soldats allemands seulement sont atteints. «Curieuse façon de faire la guerre, dit Schirlitz au commandant Meyer venu prendre la défense des civils en zone occupée: ma forteresse est intacte et votre ville, rasée.» Un plan d'évacuation des rescapés est mis en place, ainsi que des secours aux victimes.
Dans les ruines, les volontaires de la Croix-Rouge suisse et française, les FFI et les FTP, les jeunes embrigadés dans les équipes de sauvetage s'efforcent de dégager les décombres pour retrouver des vivants emmurés, bloqués sous les pierres et les poutres. Royan, nouvelle ville martyre de la Libération, victime d'un matraquage que rien ne justifiait. Les causes de l'une des «bavures» les plus célèbres des raids de la Seconde Guerre mondiale sont mal élucidées. On évoque, en guise d'excuse, le manque de coordination entre les états-majors alliés et français.
Ce bombardement est répété, par l'US Air Force cette fois, avant l'opération de reconquête prévue initialement pour le 15 avril 1945. En deux raids, le 14 et le 15 avril, 1 200 forteresses volantes anéantissent ce qui reste de Royan, utilisant en première mondiale une arme nouvelle: la bombe au napalm.
Le général de Larminat veut en finir. Il dénonce l'accord avec l'amiral allemand, réunit d'importantes forces de retour de l'Est, après l'échec de l'offensive des Ardennes et de la poussée sur Strasbourg: 42 bataillons d'infanterie viennent se joindre aux unités de la Résistance, avec du génie, de l'artillerie lourde américaine, des blindés de la 2e DB et de l'aviation. L'opération «Vénérable» démarre en fait la veille du jour dit, le 14 avril.
Autour de la place en ruine, encore laminée par les B 17, les activités clandestines reprennent. Le chef de la Résistance départementale, Thibaudeau, a donné l'ordre à ses 150 hommes de ne pas se laisser évacuer et de se protéger des bombardements dans les villages proches ou dans les bois, leur présence à l'intérieur de la poche étant nécessaire au moment de l'attaque. Ils utilisent les postes émetteurs S-Phones reliés au 2e bureau du général de Larminat (commandant Gouraud), guidés par Jean Gaudet, dit Antilope, rentré d'Angleterre.
Le port de La Rochelle, prêt à exploser
Ceux des clandestins contraints par la pression allemande à se mêler à la population civile, et qui ont survécu au raid meurtrier où sont morts nombre des leurs, ont rejoint le PC du colonel Adeline: ils dressent une carte des mines et donnent à l'état-major de Cognac l'emplacement précis des batteries allemandes et l'indication des passages sur la rivière Seudre. La forêt de la Coubre, entièrement piégée, est explorée par un garde forestier résistant.
Le 2e bureau est informé par ses agents infiltrés ou restés dans la poche que l'ennemi entend se défendre dans les casemates de la côte et de l'île proche d'Oléron. Ordre est donné aux hommes en possession d'émetteurs de fournir des indications régulières sur chaque secteur, aux saboteurs de couper les liaisons téléphoniques. Beaucoup se feront tuer à cette tâche.
Le 14 avril, la force navale est en place: les dragueurs dégagent les passes et les balisent. L'amiral Rue commande une force alliée où se remarquent le cuirassé Lorraine, le croiseur Duquesne, une nuée de navires canadiens. Une avalanche d'obus vient briser le béton du mur de l'Atlantique. Les bombardiers lourds cette fois ne manquent pas leur cible.
Les chars de la 2e DB s'ébranlent au sud-ouest de la poche, précédés de maquisards connaissant bien les lieux. Au nord, d'autres unités franchissent la Seudre, aidées par les fusiliers marins FFI de Rochefort. La progression est lente, dans le champ de ruines de Royan, mais l'ennemi ne peut empêcher les Français de s'emparer des redoutes. La dernière à tomber est celle de la pointe de la Coubre. Au Golfe Hôtel, transformé en blockhaus, l'amiral Michahelles se rend le 17 avril à midi. Les derniers combats cessent au matin du 18. La conquête de l'île d'Oléron est achevée le 1er mai.
Au Verdon, le canon tonne jusqu'au 20 avril, et ce sont les chars Leclerc qui, avec les FFI, décident du succès de cette bataille du Médoc: pour 8 000 prisonniers allemands, 364 Français sont tués à Royan et plus de 1 500, blessés. L'affaire du Médoc a fait plus de 1 000 morts en six jours de bataille.
Reste La Rochelle, où les résistants foisonnent depuis 1940. L'ancien maire, Léonce Vieljeux, a été exécuté au camp de Struthof en 1944. La ville ancienne n'a pas souffert des bombardements qui ont accablé l'énorme abri pour sous-marins à partir de 1943. Mais la Gestapo et la Milice ont fait des ravages. Qu'importe! Alliance, Mithridate, Famille, ces réseaux anciens reliés à Londres, sont rejoints par les nouveaux: Acajou, Eleuthère, Gillot. L'état des défenses allemandes est disséqué dans les rapports faits quotidiennement à l'état-major.
Larminat, avant de donner l'assaut, sait qu'il peut compter à l'intérieur de la place sur les équipes de saboteurs et de résistants qui ont échappé à la mort. Chacun se souvient, à La Rochelle, de la bravoure de ces ouvriers réquisitionnés pour la réparation des sous-marins: plutôt que d'employer des vis, ils enfonçaient des clous, afin de fragiliser l'engin, qui ne tardait pas à imploser sous la pression des profondeurs. Malgré quatre années de déluge d'acier visant la base des U-Boot, le port de La Pallice, au dire du président de la chambre de commerce, Eric Morch, n'était pas atteint dans ses fonctions vitales: ses grues électriques, sa cale sèche, ses chalutiers et ses hauturiers étaient récupérables.
Le général de Larminat en sait assez, grâce aux réseaux locaux, pour lancer l'opération «Jupiter» sur La Rochelle. Soucieux d'éviter les destructions, il veut tenter une dernière négociation: Meyer est de nouveau chargé de mission. Il va proposer un accord aux autorités allemandes: les Français s'engagent à ne pas franchir un fossé antichar autour duquel les Alliés viennent d'installer un vaste dispositif d'encerclement. En contrepartie, les Allemands s'abstiendront de détruire les infrastructures portuaires.
Larminat sait que Schirlitz a ordonné aux artificiers du Reich de disposer dans les installations du port des mines de 250 kilos prêtes à exploser sur ordre. Sur le môle d'escale, trois emplacements abritent près de 60 tonnes d'explosifs.
La négociation devient soudainement inutile. L'amiral Schirlitz vient de recevoir des nouvelles d'Allemagne. Doenitz, son nouveau chef depuis la mort de Hitler, vient de déclarer, le 4 mai 1945, dans un entretien avec Montgomery, que «les combats ont perdu toute signification à l'Ouest».
Le 7 mai, à l'amiral Schirlitz qui lui demande s'il peut faire sauter le port dans les cinq minutes, le capitaine de corvette de Terra (un ancien sous-marinier de la Première Guerre mondiale) répond par la négative. «Alors dans vingt minutes? insiste l'amiral. - Non, ni même dans deux heures, même pas dans quinze jours, car j'ai coupé les cordons de mise à feu», avoue le vétéran.
Le 8 mai à minuit, il ne reste plus à Schirlitz qu'à donner l'ordre de reddition sans conditions, depuis son quartier général de Lagord. Ce jour-là, l'acte de capitulation de l'Allemagne est signé à Berlin. Hitler est mort depuis le 30 avril.
Le 9 mai 1945, les habitants de La Rochelle respirent enfin un air de liberté. Ils sont les derniers en France à fêter la Libération. Ils auront souffert jusqu'à l'extrême fin.
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