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  le blog labrousse.erick par : ERICK

Droit et Devoir de Mémoire deuxième guerre mondiale 1940 1945 LUTTER CONTRE LA RÉHABILITATION DE VICHY OU DE SON ADMINISTRATION DE L ÉTAT FRANÇAIS

Macron veut il instaurer une nouvelle charte du travail bis ?

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la révolution nationale le droit au travail et la protection sociale.


 

La Charte du Travail

 promulguée le 4 octobre 1941 par l'État pétainiste a instauré un régime corporatiste par branches d'activités afin de favoriser l'entente entre les salariés et les patrons et d'éviter ainsi la lutte des classes. Elle permet aussi à l'État de contrôler les corporations, de fixer les prix et les salaires, et d'encourager la mise en place de grandes entreprises contrôlées également par l'État. Pour lutter contre tout désordre, la Charte du Travail dissout les syndicats et interdit la grève tout comme le lock-out par les patrons. Elle décrète, et c'est la première fois un salaire minimum vital fixé par l'État à 900 francs par mois. La diversité des salaires d'un manœuvre était de 1000 à 1500 en Charente est de 1500 à 1800 francs dans la ville de la Rochelle. En Mayenne les patrons refusaient d'augmenter le salaire minimal fixé à 900 francs mensuel. Cette attitude du patronat était générale à tel point que des grèves ont éclatées dans des sucreries de Seine-et-Oise parce que la direction voulait baisser les salaires. La situation des salaires se compliquait du fait que les entreprises qui travaillaient pour les Allemands payaient mieux leurs ouvriers que les autres.

Les syndicats ouvriers sont dissous, CGT, CFDT, CSPF, Confédération des Syndicats Professionnels dépendant du Partis socialiste Français, mais aussi, par réciprocité, les syndicats patronaux, CGPF, du Comité des houillères et du Comité des forges. La politique sociale est de facto de la volonté du patronat et de l'État. La suppression des syndicats ainsi que du droit de grève se traduit, dans l'entreprise, par un renforcement de facto du pouvoir patronal.

Le premier mars 1941 le maréchal Pétain en visite à Saint-Étienne prononce un discours pour les ouvriers, techniciens, et les patrons dans le cadre de la Charte du travail qu'il promulguera le 4 octobre.Loi du 4 octobre 1941 relative à l’organisation sociale des professions dite Charte du Travail Rapport au maréchal de France, chef de l’Etat français L’élaboration d’une « Charte du travail », la détermination de rapports harmonieux et justes entre les patrons, les ouvriers, les techniciens, les artisans ont été, depuis quinze mois, l’une de vos plus constantes préoccupations. A tout instant – dans vos audiences, au sein des conseils de gouvernement, dans vos messages et dans vos discours- vous avez rappelé votre désir d’imprégner d’un esprit social et novateur les grandes règles de l’organisation française du travail. Le projet que nous avons l’honneur de vous soumettre est le résultat d’un travail considérable. Il s’appuie sur les vœux émis dans les cahiers nombreux que vous ont adressé, le 1er mai dernier, les provinces françaises. Il tient compte de l’abondante documentation que vous avez recueillie et que vous avez bien voulu nous transmettre. Il s’inspire, enfin, largement des avis qui vous ont été soumis au cours des trois sessions du comité d’organisation professionnelle créé le 28 février dernier. Ce comité a pleinement compris l’orientation qu’il convenait de donner au monde du travail. Il l’a montré, en soulignant, par une déclaration solennelle, sa volonté de rompre définitivement avec le vieux système de la lutte des classes. C’est dans cet esprit qu’il a travaillé. C’est dans cet esprit que nous avons rédigé le projet de charte. La charte précise les grandes règles qui régiront désormais les rapports des travailleurs, aussi bien dans l’exercice de leur métier que dans le développement de leur vie matérielle et morale. Elle s’adresse à l’industrie et au commerce, aux petites, aux moyennes et aux grandes entreprises. Elle n’a pas la prétention d’apporter par elle-même des satisfactions directes, mais elle crée des institutions aptes à engendrer une atmosphère plus propice à la justice pour tous et à la prospérité pour chacun. Nous tenons cependant à souligner deux réalisations concrètes, dont les grandes lignes sont édictées par la charte. Elle fixe, tout d’abord, les principes du mode de détermination de salaires, mettant ainsi un terme à la plus grande source d’injustices et de discordes intestines du passé dans le monde du travail. S’inspirant des directions, que vous avez données, récemment encore, tendant à instituer une participation au bénéfice des collaborateurs des entreprises, elle décide ensuite que des prélèvements effectués sur ces bénéfices serviront à la création d’un fonds commun destiné à améliorer la sécurité et le bien-être de ces collaborateurs. La charte renforce ainsi davantage encore la solidarité déjà si réelle entre les travailleurs et leurs industries. Il est vain de penser que des ouvriers puissent être heureux au sein d’une industrie en détresse, la prospérité des entreprises conditionne le bien-être de leurs membres. La pierre angulaire de la charte réside dans la création des comités mixtes sociaux, au sein desquels se trouveront réunis tous les membres d’une même profession. Le comité social sera, pour la profession d’aujourd’hui – pour la corporation de demain- le véritable animateur de la vie professionnelle. Lien de tous ceux qui concourent à une même production, il recevra, de surcroît, la mission d’assurer la gestion sociale de la profession. 2 Il aura sa maison commune, où tout homme appartenant à une entreprise de la profession sera sûr, quel que soit son rang, de trouver encouragement, aide et protection. L’expérience a montré que partout où des hommes de bonne foi se réunissent pour une explication loyale et franche, les oppositions s’atténuent, les malentendus se dissipent, l’accord s’établit, dans l’estime d’abord, dans l’amitié ensuite. C’est en utilisant les bases de l’organisation professionnelle existante que sera réalisée – dans un esprit nouveau – la jonction de tous ceux que la vie sociale appelle à collaborer. Les syndicats ont donc leur place dans cet ordre nouveau. Ils auront la double mission de discipliner les libres réactions de leurs adhérents et de participer à la formation des comités sociaux. Mais les syndicats ne seront plus les syndicats de tendance du passé. S’ils demeurent voués dans chaque profession à la représentation d’une même catégorie sociale (patrons, ouvriers, cadres), ils seront désormais obligatoires pour être forts, uniques, pour être francs. Leur activité sera désormais strictement limitée au domaine de leur profession. Ils vivront et fonctionneront sous l’autorité des comités sociaux et en s’inspirant de leurs doctrines qui ne sauraient être elles-mêmes que celles du gouvernement. Dotée de sa charte sociale, la famille professionnelle apparaîtra comme un corps vivant. Elle respectera les lois de l’Etat. L’Etat la respectera. Elle servira de base à la création des futures corporations qui restent le grand espoir de l’avenir français. Seul le souci de ménager les étapes et de construire avec fruit n’a permis jusqu’ici de réaliser les corporations que partiellement. Ces corporations ne se réaliseront que dans une heureuse articulation des liens sociaux et des intérêts économiques d’un même groupe de professions. L’interpénétration de l’économique et du social est une œuvre de longue haleine. Mais la charte du travail définit déjà les liens sociaux. Elle repose, de surcroît, sur une division de notre activité économique en grands familles professionnelles, au sein desquelles se créeront les sections nécessaires – notamment les sections artisanales- dont l’ensemble fournira une première et utile ébauche de l’œuvre corporative. La charte du travail ne peut, par elle-même, atteindre les buts qu’elle se propose, sans définir en tête de ses articles l’élément spirituel qu’elle contient. Cet élément spirituel, monsieur le Maréchal, c’est le vôtre. C’est celui que vous avez communiqué à la France et dont l’œuvre de révolution nationale tire sa justification la plus sûre. Cet élément spirituel, c’est l’aspiration vers un ordre nouveau où seront assurés : - la primauté de la Nation et du bien commun professionnel sur les intérêts particuliers ; - la collaboration confiante, loyale et permanente de tous les membres de la profession en vue de réaliser la paix sociale et la prospérité des entreprises ; - le respect d’une hiérarchie fondée sur le travail, le talent et le mérite ; - le développement progressif des réalisations sociales destinées à satisfaire les intérêts et les aspirations légitimes des travailleurs. La paix sociale est le but suprême. Les institutions du passé ne peuvent être maintenues que dans la mesure où elles expriment le génie libre et divers de la nation. L’avenir est encore riche, chez nous, d’idées, d’efforts, de sacrifices. C’est vers cet avenir que nous nous tournons résolument, sûrs de l’assentiment des patrons, des ouvriers, des techniciens, des artisans, désormais convaincus que l’intérêt personnel ne trouvera sa sauvegarde que dans l’intérêt collectif. C’est dans cet esprit que nous avons l’honneur de vous soumettre cette charte, que le pays attend, que le monde du travail a longuement souhaitée et qui, par son ampleur comme par sa nouveauté, prendra logiquement sa place dans la série des textes constitutionnels de la France nouvelle.


 

 

 

JANVIER 1942

RÉSUMÉ DE LA SYNTHÈSE DES RAPPORTS MENSUELS DES PRÉFETS

V – Production industrielle (…)

Émotion provoquée par l’annonce de la fermeture prochaine de certaines usines - Crainte des petits industriels d’être écrasés entre les Trusts et l’Artisanat - Insuffisance de nombreux salaires. (…)

VII – Travail (...)

La Charte du travail a été bien accueillie par les organisations patronales - Les éléments ouvriers demeurent dans l’expectative et encore sceptiques. (…) Opinion publique Sur le plan intérieur, le ravitaillement, après avoir subi, jusque vers le milieu du mois de janvier une légère amélioration est, à nouveau, devenu extrêmement précaire (les légumes en particulier ont presque complètement disparu des marchés urbains). Cette situation s’ajoutant à la température particulièrement rigoureuse a créé un mécontentement certain, d’autant plus que la population ne veut malheureusement pas comprendre que les privations qui lui sont imposées sont les conséquences normales de la défaite et qu’elle s’attache à critiquer les erreurs de détail certainement regrettables, mais, en fait, inévitables commises par les services chargés de la répartition de trop rares marchandises. A ces difficultés générales viennent encore s’ajouter pour la classe ouvrière les problèmes de plus en plus angoissants posés par la cherté de la vie et la modicité des salaires. Sur le plan social, l’application de la Charte du Travail commence à se réaliser, mais il apparaît que si du côté patronal, elle est la plupart du temps bien accueillie, trop d’employeurs cherchent, sans en comprendre l’esprit, à en faire un instrument de revanche sociale. Du côté ouvrier, on note actuellement de profondes réserves et même une certaine hostilité due essentiellement à la propagande sourde des anciens éléments syndicalo-communistes. Mais il paraît surtout que la masse des ouvriers accueille le nouveau texte avec une profonde indifférence et ne se préoccupe presque exclusivement que des questions de salaires et de ravitaillement. En fait, il semble, comme le fait remarquer le Préfet de la Somme, qu’il s’agit d’abord de créer le climat favorable à une collaboration sociale sur des bases saines en apportant à l’œuvre nouvelle une foi et une conviction qui lui manquent actuellement. Pour cela, il apparaît indispensable d’accorder à l’action sincère et courageuse de certains anciens militants syndicalistes l’appui d’une propagande qui s’exercera, localement et dans les usines, par le moyen de conférences et de distribution de brochures exposant les vues du Gouvernement et ses intentions, en particulier quant à la sincérité de la représentation ouvrière au sein des comités sociaux, et indiquant aux travailleurs les avantages qu’ils pourront tirer dans l’avenir de la reconnaissance officielle de leurs représentants par les pouvoirs publics et de l’appui que leur réservera l’Administration, le cas échéant. (…) 4 2 – Activités Répression des menées communistes - L’activité communiste, sans être apparemment considérable, a cependant repris quelque ampleur dans certains départements, se traduisant d’ailleurs, presque exclusivement, en dehors de quelques attentats terroristes, par une légère recrudescence des distributions des tracts. Il semble que ces tracts proviennent presque tous de la région parisienne et soient amenés dans les départements par des cheminots ou, parfois, par les ouvriers embauchés à Paris par des grosses sociétés ayant des chantiers en province. On signale, en particulier, dans la Charente-Maritime, le recrutement de la Sté Art et Bois dont le siège social serait à Houilles (Seine-et-Oise), et dont les ouvriers constitueraient un élément particulièrement nuisible. De même à la Guarche dans le Cher, une recrudescence d’activité communiste qui a provoqué, d’ailleurs, une enquête couronnée de succès, a permis de constater que cette action subversive était le fait de travailleurs récemment arrivés de la région parisienne. Les services de la police se sont d’ailleurs livrés, ce mois-ci, à un nombre important d’enquêtes et de perquisitions et des résultats appréciables ont été enregistrés amenant l’arrestation de plusieurs militants dangereux. 3 – Questions particulières. (…) 2) Le préfet de l’Eure réclame le rétablissement, qui lui paraît indispensable, des commissariats de police de Pont-Audemer (6 270 habitants) et de Gisors (5 900 habitants) dont la population est essentiellement ouvrière. (…) VI – Économie nationale Le mouvement signalé les mois précédents s’est poursuivi et dans toutes les branches de l’industrie, sans exception, la production a fléchi en raison du manque de matières premières et de combustibles. Les décisions prises par l’autorité occupante de fermer de nombreuses usines à partir du 1er mars prochain, ont provoqué une vive émotion tant chez les industriels que chez les ouvriers qui craignent de se trouver sans travail ou tout du moins d’être astreints à un chômage partiel très étendu. A Vierzon, en particulier, le cas de l’industrie porcelainière semble devoir mériter d’être tout spécialement réétudié, afin de sauvegarder au maximum ces établissements qui ne manquent pas de matières premières et emploient une abondante main-d’œuvre en utilisant des quantités proportionnellement très faibles de combustible. En outre, il semble y avoir un intérêt certain à protéger cette industrie, à caractère artistique et familial et spécifiquement française. De graves inquiétudes existent parmi les chefs de petites entreprises et les petits commerçants qui redoutent d’être les victimes de l’organisation économique actuelle qui, à leur point de vue, les sacrifie entièrement au bénéfice des grosses sociétés. Ils craignent d’être écrasés entre les trusts et l’organisation artisanale. Les ouvriers, de leur côté, sont extrêmement préoccupés de la hausse constante du coût de la vie qui ne leur permet plus de faire face aux dépenses quotidiennes les plus modestes. Il apparaît, d’ailleurs, qu’une certaine augmentation pourrait leur être accordée sans pour cela faire rebondir les prix de revient. 5 Monnaie - matière En résumé, les observations qui sont le plus souvent formulées par les préfets au cours de leurs rapports de janvier tiennent, d’une part, à la modicité des salaires dont les ouvriers réclament le relèvement et que les employeurs seraient d’accord pour effectuer si la réglementation actuelle le leur permettait, d’autre part, aux plaintes des petites et moyennes industries dont beaucoup se considèrent comme condamnées par la politique actuelle de coordination de l’industrie à l’échelon national. (…) VII - Travail Charte du travail Dans leur ensemble, les organisations patronales ont réservé un accueil favorable à la Charte du travail. Elles ont la conviction que la nouvelle loi sera appliquée dans une atmosphère de collaboration agissante. Certains employeurs ont fait preuve d’une large compréhension et les comités sociaux d’entreprise ont été constitués en laissant au personnel une entière liberté, quant à la désignation des membres ouvriers. Dans certains cas, ceux-ci ont été élus par leurs camarades. En d’autres usines les patrons ont réuni les Délégués des trois anciennes tendances syndicales et leur ont demandé de se mettre d’accord pour désigner les représentants ouvriers. Mais trop souvent certains employeurs, méconnaissant l’esprit même de la loi, ont cru pouvoir, au nom d’un certain paternalisme, choisir eux-mêmes les Délégués ouvriers, ce qui a pour principal effet, d’une part, d’enlever à ceux-ci toute autorité sur leurs camarades, et, d’autre part, de braquer les travailleurs contre la Charte. Les milieux ouvriers demeurent toujours dans l’expectative. Ils n’ont pas encore compris l’utilité de la réforme et, s’ils ne restent pas la plupart du temps fortement attachés à leurs anciennes organisations syndicales, ils se méfient des Comités sociaux d’entreprise, craignant que la suprématie patronale y soit totale et permette la renaissance d’un paternalisme économique ou social auquel ils sont essentiellement hostiles. Par ailleurs, la Charte du travail prévoit que dans une même profession, un Syndicat unique groupera les employeurs, les techniciens et les ouvriers. Mais les employeurs disposeront toujours d’organismes tels que les Chambre de Commerce, au sein desquels ils pourront discuter entre eux des questions sociales, tandis que les ouvriers ne pourront pas bénéficier des même avantages, par suite de la disparition des Unions locales et Départementales des Syndicats. Ces Unions de Syndicats ont, en effet, rendu aux travailleurs des services appréciables et leur suppression constitue de l’avis des Préfets un des principaux griefs du monde du travail contre la loi nouvelle. Mais, en fait, chez eux comme chez les patrons, se manifeste la lassitude du fait des luttes passées et, sauf cas exceptionnels, une bonne volonté certaine existe. La classe ouvrière semble attendre avant de se prononcer de voir la Charte réalisée dans la pratique. Du succès de cette réalisation dépend en majeure partie son ralliement à l’œuvre de Rénovation Nationale. Elle paraît donc oublier que ce succès dépend essentiellement de son adhésion aux organismes dès à présent prévus par la Charte. (…) FÉVRIER 1942, VICHY (…) XI – Production industrielle (…) Le contingent d’huiles et graisses industrielles a encore subi une diminution. Les demandes des consommateurs n’ont pu être satisfaites que dans une proportion variant de 5 à 35 %. De nombreuses usines sont menacées de chômage. D’autre part les stocks de marchandises s’épuisent journellement et beaucoup de difficultés se présentent pour le réapprovisionnement. (…) XII Travail Le chômage total est presque inexistant, par contre le chômage partiel est en augmentation. (…) FÉVRIER 1942 SYNTHÈSE DES RAPPORTS DES PRÉFETS DE LA ZONE LIBRE (…) Attitude des différentes parties de la population (…) e) Les ouvriers Le relèvement des salaires a été bien accueilli par les ouvriers. Comme le font remarquer plusieurs préfets, le monde ouvrier est la classe qui souffre le plus et proteste le moins. Ils se montrent toujours réservés vis-à-vis du Gouvernement ; l’indifférence qu’ils avaient manifestée envers la Charte du travail ne semble pas avoir diminué. (…) h) Propagande Des conférences de propagande assez nombreuses ont eu lieu : elles ont la plupart porté sur la Charte du travail et attiré d’ailleurs peu de monde. Ces conférences ont été faites soit sous l’égide de la propagande sociale du Maréchal, soit sous celle de la Légion. (…) XII – Le travail D’une manière générale, le chômage partiel a tendance à s’accroître, et même un certain nombre d’établissements ont dû, faute de combustibles, licencier leur personnel pour un délai indéterminé. Par contre, il faut signaler une crise de main-d’œuvre dans les communes agricoles, à l’approche des semailles de printemps par suite de la captivité de nombreux cultivateurs. (…)

 

 

7 FÉVRIER 1942 SYNTHÈSE DES RAPPORTS MENSUELS Résumé (…) II – Activité des divers groupements (…) Action sourde mais continue des militants communistes auprès des masses ouvrières, afin de manifester une opposition démagogique et d’entretenir un état d’inquiétude générale. Influence de plus en plus restreinte des partis dont l’activité est autorisée en zone occupée. (…) X – Travail - Active propagande allemande pour provoquer le départ d’ouvriers français Outre-Rhin. Ouvriers peu satisfaits du relèvement des salaires considéré comme trop faible, - La charte du travail est accueillie avec réserve et surtout indifférence par les ouvriers qui ne la connaissent pas assez. Nécessité d’une propagande en sa faveur. Opinion publique A la fin de cet hiver qui a encore accru ses souffrances, et spécialement au cours des deux derniers mois, on note un désarroi certain dans la population dont le moral est atteint par la prolongation des circonstances exceptionnellement difficiles et par l’excès même des efforts qu’exige la vie quotidienne. C’est pourquoi le chauffage, le ravitaillement, tous les problèmes multiples qui assaillent aujourd’hui avec une acuité particulière les classes moyennes et les ouvriers, constituent la préoccupation constante de chacun et prennent l’apparence d’une véritable obsession qui ne peut plus être considérée comme une manifestation d’égoïsme ou d’indifférence à l’égard de la révolution nationale, mais comme une réaction physique devant des privations qui excèdent souvent la capacité d’endurance de ceux qui les subissent. Sur le plan industriel, il faut signaler l’inquiétude croissante des chefs d’entreprises aussi bien que des milieux d’ouvriers, devant les menaces de fermeture d’usines qui se précisent en raison de la pénurie grandissante de matières premières, de combustibles et d’énergie électrique. Les industriels craignent que ces fermetures ne provoquent un exode, plus ou moins volontaire mais certainement important, de la main-d’œuvre qualifiée réduite au chômage et à laquelle on offrira du travail en Allemagne. (…) II – Activité des divers groupements (…) Communisme L’activité clandestine des militants communistes se poursuit malgré les dangers auxquels ils se savent exposés et en dépit de la sévère répression exercée tant par la Police française que par la Police allemande. Dans la région parisienne comme dans le Nord, la propagande insidieuse et habile de l’exparti communiste constitue toujours un grave danger pour le maintien de l’ordre public. Les distributions de tracts (presque tous imprimés à Paris et transportés par les cheminots ou expédiés en consigne), continuent à être relativement fréquentes dans certains grands centres malgré toutes les 8 surveillances exercées. Les tracts ainsi que la propagande orale incitent les ouvriers à saboter la production et à ralentir le travail dans les usines. En outre, les exécutions d’otages récemment annoncées par les autorités d’occupation et qui ont soulevé une profonde émotion et une réprobation particulièrement vive dans les milieux ouvriers, ont fourni aux partisans de la IIIe internationale un terrain de propagande extrêmement favorable. Dans l’ensemble, il s’agit, comme l’écrit le préfet régional de Lille, « d’une opération de sondage tentée par le communisme, aussi bien pour manifester son activité que pour tenir en haleine les masses ouvrières et les pouvoirs publics. Il est à présumer que le programme communiste a pour base, après avoir multiplié ses petites opérations, de tenter, lorsqu’il jugera le moment opportun, une manifestation d’envergure ». (…) V – Économie nationale (…) Activité industrielle En raison du manque de matières premières et de combustible et des restrictions importantes de l’énergie électrique, le fléchissement de la production continue et les signes manifestes du ralentissement de la vie économique se sont encore accentués au cours de février, provoquant dans les milieux ouvriers et patronaux les plus grandes inquiétudes. De plus, certains industriels déplorent qu’en un moment où les difficultés économiques sont déjà si grandes, les Comités d’Organisation exigent de trop nombreuses formalités pour les moindres demandes. Un mouvement de relèvement des salaires commence à se dessiner, mais les ouvriers et employés demeurent extrêmement préoccupés du déséquilibre qui s’affirme de plus en plus entre leurs gains et leurs dépenses réduites cependant au minimum. (…) Ravitaillement Dans le département des Vosges, de nombreux ménages d’ouvriers sont réduits à se nourrir, faute de légumes, avec du pain trempé dans du lait teinté de chicorée. (…) Travail Chômage La rigueur de la température et les abondantes chutes de neige ont contraint de nombreux établissements à mettre leur personnel en chômage. Les professions les plus touchées ont été celles qui s’exercent en plein air : chantiers forestiers, bâtiment, travaux publics, scieries. De plus, d’autres industries telles les fonderies ont dû interrompre leur travail par suite, soit de l’impossibilité de se procurer les matières premières et le combustible nécessaires, soit de l’état des voies de communication. Cette accentuation du chômage est essentiellement provisoire dans la mesure où elle est liée aux circonstances atmosphériques, mais les patrons comme les ouvriers redoutent que les autorités d’occupation ne décident la fermeture d’un grand nombre d’entreprises. Une propagande massive est actuellement faite dans les départements des territoires occupés et plus particulièrement dans la zone interdite, afin de provoquer le départ des chômeurs pour les usines allemandes1 . Une pression toujours plus impérieuse s’exerce dans ce sens et le Feldkommandant de la 1 Jusqu’en mars 1942, les autorités de Vichy s’en tinrent à une stricte neutralité sur la question des prélèvements de maind’œuvre à destination de l’Allemagne. S’ils étaient tenus de « collaborer loyalement », les services français de la maind’œuvre ne s’impliquaient pas directement dans le recrutement de travailleurs pour l’Allemagne. La propagande était le fait des services de recrutement allemands, leurs homologues français se bornant à porter les offres d’emploi pour l’Allemagne à la connaissance des chômeurs. Cette neutralité a néanmoins subi ses premier accrocs avec la campagne de Russie. Les Allemands ont alors multiplié les initiatives en zone occupée et en zone libre pour diriger des ouvriers spécialisés vers l’Allemagne. Ces pressions locales ont alors servi de levier au MBF qui a pu, en mars 1942, obtenir des autorités françaises qu’elles renoncent à leur neutralité et cautionnent les départs de travailleurs pour l’Allemagne. (Note V. Viet)

Somme a même précisé au préfet « qu’aucune allocation ne devait être payée aux ouvriers en chômage ayant refusé de se rendre en Allemagne »2 . En outre, bien que les chômeurs des départements sinistrés puissent, en principe, être employés à des travaux de déblaiement, l’autorité allemande exige cependant que soit seule affectée à ces travaux la main-d’œuvre qui, par suite de l’âge, de la maladie ou toute autre raison, ne peut être employée en Allemagne. Salaires La question des salaires anormalement bas a été tranchée dans la plupart des départements, mais les ouvriers ne sont pas satisfaits et considèrent le relèvement opéré comme insuffisant eu égard à l’accroissement du prix de la vie. Il y a là une situation grave, à laquelle il est difficile de remédier, du fait de l’opposition des autorités d’occupation, mais qui ne saurait durer longtemps sans entraîner certaines réactions. Le préfet de la Marne signale que le mécontentement s’affirme ; en Seine-et-Oise, pour la première fois depuis l’Armistice un mouvement de revendication à caractère collectif vient de s’esquisser en vue d’une majoration du salaire horaire qui d’ailleurs intéresse également toute la région parisienne et plus particulièrement l’industrie automobile ; le préfet du Nord signale que le problème du salaire, résolu dans cette région sous la pression des autorités d’occupation, n’a pas permis une hausse suffisante et que des revendications sourdes se font sentir pour obtenir une nouvelle élévation. Si l’augmentation avait été plus substantielle, les mêmes réclamations se seraient produites, mais l’attitude des pouvoirs publics aurait pu être plus ferme. D’autre part, les employeurs ne sont pas hostiles à un relèvement des salaires, mais souhaitent une augmentation de l’écart existant entre la base et le sommet de l’échelle des salaires, afin de rétablir la hiérarchie des salaires actuellement faussée. L’institution des cantines de plus en plus généralisée, qui équivaut à des relèvements de salaires dans la mesure où les repas servis sont comptés à un prix inférieur au prix de revient, a permis de maintenir en partie le rendement et la santé des ouvriers. Charte du travail Le fait le plus saillant à signaler est que la plupart des intéressés n’ont pas pris connaissance du texte de la Charte du travail. L’accueil qui lui est fait est donc basé sur les quelques articles de presse qui ont paru à ce sujet. Sans qu’aucune position très nette n'existe, il faut noter soit une indifférence absolue, soit une résistance instinctive faite de méfiance plus que d’hostilité. Les ouvriers craignent que toute vie syndicale soit supprimée, alors que leurs syndicats s’occupaient des questions de salaires qui restent à la base des préoccupations du monde du travail. 2 Sur la question des retraits des allocations chômage, les propos des responsables français ont été discordants. Chargé des négociations relatives aux questions de main-d’œuvre, Jacques Barnaud a pu déclarer en octobre 1941, au cours d’une réunion qui regroupait des responsables français : « Les moyens de pression, tels que la suppression de l’indemnité de chômage pour les chômeurs refusant d’aller en Allemagne, n’ont jamais été acceptés ni mis en pratique par les autorités françaises ». A la même réunion, René Belin fut d’un avis divergent : « L’esprit des ouvriers français est, d’une manière générale, hostile aux déplacements vers l’Allemagne, à un point tel que, nombre d’ouvriers français renoncent au bénéfice de l’inscription au chômage plutôt que de courir le risque d’être convoqués par les services allemands recruteurs de main d’œuvre ». Il semble que les pratiques aient été très contrastées d’un département à l’autre, les pressions allemandes étant cependant bien plus fortes en zone interdite que dans les autres zones. Le rapport DSA note que « le problème des salaires rejoint, par suite du développement du chômage partiel, celui de la main-d’œuvre. Dans beaucoup d’usines qui ne travaillent que 20 à 30 heures par semaine, les ouvriers, qui ne veulent pas être éventuellement contraints de partir en Allemagne, ne s’inscrivent pas au chômage. Non seulement, leur situation devient alors tragique, mais encore de nombreuses heures de travail sont ainsi perdues (Aisne, Meurthe-et-Moselle) ». (Note V. Viet)

D’autre part, les syndicats chrétiens n’approuvent pas l’institution dans chaque profession d’un syndicat unique et obligatoire qui doit amener la disparition des organisations d’inspiration confessionnelle, et certains préfets signalent que l’attitude du clergé est, à cet égard, identique. Cependant, la plupart des rapports des préfets mentionnent qu’un grand nombre de comités sociaux d’entreprises ont été constitués, dans lesquels les membres ouvriers ont été réellement désignés par le personnel en accord avec l’employeur et selon l’expert de la Charte du travail. A tous les échelons des organisations ouvrières, il est à signaler un manque de confiance certain dans la constitution et le fonctionnement des futures corporations, et un complet accord pour repousser l’institution éventuelle des chartes corporatives. La plupart des préfets demandent qu’une large diffusion du texte de la charte soit effectuée, accompagnée d’un résumé clair et précis qui permettra à tous d’en comprendre les principes et les grandes lignes. Enfin, il serait particulièrement souhaitable, du point de vue propagande, que la mise en application de la Charte puisse apporter, dès la première heure, des avantages substantiels en ce qui concerne les salaires, en même temps qu’elle rétablira une hiérarchie convenable à l’intérieur des nouvelles corporations. Des réalisations de ce genre sont seules susceptibles de rallier les ouvriers à la politique du gouvernement en les écartant de toute action subversive. (…)

 

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beau blog. un plaisir de venir flâner sur vos pages. une belle découverte. un blog très intéressant. J'aime beaucoup. je reviendrai. N'hésitez pas à visiter mon blog (lien sur pseudo). au plaisir
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